Ils relèvent les mots

Cette semaine j’ai parlé avec une personne du Territoire Mohawk de Tyendinaga, qui est la communauté qui fait le sujet de l’article « Raising the words » (« Ils relèvent les mots »), un documentaire court réalisé par Chloë Ellingson.

Callie Hill est la directrice exécutive du centre culturel et linguistique Tsi Tyonnheht Onkwawenna (TTO). Elle possède énormément d’expérience dans le combat pour le mohawk et dans son enseignement. Elle-même mohawk, elle est intimement liée à ce que signifie la perte de la langue.

Je me suis entretenue avec elle pour parler à la fois de la langue et de comment sauvegarder une langue qui a besoin de toute notre aide.

[Callie dans son bureau]

[Callie dans son bureau]

Michael Iannozzi : Qu’est-ce qui vous a menée à vous engager dans la revitalisation du Mohawk?

Callie Hill : Je crois qu’avoir des enfants a été l’un des moments décisifs dans ma vie, qui m’a fait me rendre compte de l’importance de la langue et de la culture mohawk. Et maintenant que j’ai un petit-fils, c’est même encore plus important à mes yeux. Je ne peux pas parler la langue mais j’ai une connaissance linguistique de base que j’ai gagnée au cours des années où j’ai suivi des programmes linguistiques. J’espère pouvoir continuer à apprendre la langue pour pouvoir ensuite la transmettre à mes petits-enfants. Mes parents ne le parlaient pas non plus mais j’ai entendu mon grand-père paternel parler la langue, mais je ne me rappelle pas savoir à l’époque que c’était bel et bien du mohawk. Il est décédé lorsque j’avais neuf ans et c’était la seule personne de ma famille que j’ai jamais entendu parler la langue.

En 2004, j’ai commencé à travailler pour Tsi Tyonnheht Onkwawenna en tant que coordinatrice. À l’époque où j’ai rejoint le centre, j’étais la seule employée à plein-temps. Mon rôle, ces dix dernières années a consisté à créer, développer et superviser les programmes linguistiques mohawk dans la communauté, ce que je fais en tant que non-locutrice. Je veux dire par là que je suis l’administratrice des programmes mais que je n’enseigne jamais la langue. Nous avons maintenant au total un personnel de 6 enseignants, un assistant d’enseignement, un spécialiste du curriculum qui travaille à mi-temps, un assistant administratif et moi-même, la directrice administrative.

MI : En quoi consiste une journée typique dans votre travail ?

CH : En tant que directrice exécutive du Centre culturel et linguistique TTO, une journée typique consiste à faire du travail administratif. J’écris des projets de recherche, je prépare des reportages, je supervise le personnel et je travaille sur de nouvelles programmations. Parce que mon bureau se trouve à l’école primaire d’immersion, j’agis aussi en tant que principale de l’école. À ce titre, une partie de mon temps consiste alors à aider les enseignants. Je n’ai pas vraiment de journée typique parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. Nous fonctionnons tous beaucoup comme une équipe et ce, dans chaque aspect de notre organisation. Tout le monde fait preuve de bonne volonté pour donner un coup de main et aider là où il le peut : être une communauté, c’est tout ce qui nous importe. Par exemple, l’école primaire a organisé une vente de biscuits pour la Saint Valentin en février afin de collecter des fonds et, tous ensemble, en une seule journée, nous avons collecté 800 dollars, rien qu’en faisant un total de 800 biscuits et en les vendant au prix de 1 dollar l’unité ; ça a été un grand succès !

MI : Où est-ce que vos efforts de redynamisation ont lieu?

CH : Kenhteke, sur le territoire Mohawk Tyendinaga, est un territoire kanyenkehaka du peuple Mohawk situé à l’est de l’Ontario entre Belleville et Kingston. Notre terre est basée le long des côtes de la Baie de Quinte, au large du lac Ontario. Historiquement, nous nous sommes installés là-bas en 1784 après avoir été déplacés de notre terre natale qui se trouvait dans la vallée mohawk dans le nord de l’état de New-York. Notre population dans la réserve comptabilise approximativement 2 200 personnes.

MI : Quelle est votre approche concernant la renaissance de la langue mohawk ?

CH : Parce que nous reconnaissons l’importance de la transmission intergénérationnelle de la langue afin qu’elle se développe, nous gérons des programmes destinés à des catégories d’âges différents. Nous avons trois niveaux de programmes pédagogiques : « le nid linguistique Totahne », Totahne signifiant « chez Grand-Mère », a ouvert en 2007 ; c’est un programme d’immersion totale pour les enfants d’âge préscolaire ; ensuite, nous avons l’école primaire d’immersion Kawenna’on:we, qui signifie « Les premiers mots » : elle a ouvert en 2011 et cible les enfants de grande section de maternelle jusqu’aux enfants de 4ème année. Enfin, il y a le programme linguistique pour adultes « Shatiwennakaratats », ce qui signifie « Ils remettent debout les mots ». Il a débuté en 2004 et c’est un programme à plein-temps pour adultes. Les programmes pour les enfants sont de l’immersion totale tandis que le programme adulte, bien qu’intense par nature, utilise des méthodes variées pour enseigner la langue, incluant non seulement de parler mais aussi de lire et d’écrire.

MI : Pensez-vous que votre approche marcherait pour d’autres communautés, voire toutes les communautés mohawk ?

CH : Presque toutes les autres communautés kohawk utilisent des programmes pédagogiques formels comme les nôtres. Cependant notre plus gros défi est que nous n’avons pas de locuteurs natifs dans notre communauté et que tous nos programmes sont enseignés par des gens qui ont appris la langue à l’âge adulte. Nous avons une grand-mère qui parle couramment et qui travaille pour le programme « Totahne » parce que nous reconnaissons l’importance d’avoir un locuteur qui parle couramment dans le programme pour les tout-petits. Nous avons eu la chance à l’époque de trouver quelqu’un qui soit prêt à s’installer à Kenhteke. Le programme Totahne ressemble beaucoup à une journée passée chez votre grand-mère, ou dans notre cas, chez « Tota ». Nous amenons aussi, tout au long de l’année, dans le programme adulte, des locuteurs qui parlent couramment car il est important pour nos étudiants d’entendre la langue dans sa forme la plus naturelle. Nous créons des réseaux avec les autres communautés mohawk parce que nous sommes tous dans la même situation, à savoir en train d’essayer de s’assurer du bon développement de la langue dans nos communautés.

MI : Comment avez-vous décidé de commencer cet entrainement linguistique et quelles ressources avez-vous utilisées ?

CH : En 2002, le centre TTO a formulé un projet stratégique à long-terme qui a jeté les bases pour les efforts de renaissance dans la communauté ; le projet consistait à enseigner aux adultes à parler, à leur apprendre à devenir des enseignants de la langue pour que nous puissions ensuite commencer une école d’immersion pour les enfants. Nous avons depuis atteint ces objectifs grâce à des méthodes variées. Maintenant nous continuons à nous développer à partir de ce cadre. L’organisation continue de tenir tous les ans des sessions de planification stratégique.

MI : Pourquoi pensez-vous que la langue est arrivée à un point où elle a besoin d’une renaissance ?

CH : Les gens ont arrêté de parler la langue, dans notre communauté du moins, pour diverses raisons mais à mon avis, elles pointent toutes du doigt la colonisation. En particulier je parle là de l’influence de l’Église à travers ses missionnaires et de la Loi sur les Indiens de 1876. Je crois que ces deux-là sont les raisons globales qui ont mené à ce que les parents choisissent de ne pas parler le mohawk à leurs enfants et, une fois que la transmission intergénérationnelle est interrompue dans les foyers, tout cela mène à la chute de la langue dans la communauté. D’après mes estimations nous n’avons pas eu de génération de locuteurs natifs qui utilisent le mohawk dans la vie quotidienne depuis la fin du XIXème siècle.

MI : Que ressent la communauté à propos de ces efforts, et que ressentaient-ils lorsque vous avez commencé?

CH : Lorsque le centre TTO s’est organisé à la fin des années 90, les sentiments étaient mitigés à propos des efforts de revitalisation. Il y avait un groupe de partisans dévoués aux efforts mais il y avait aussi des personnes plus âgées qui pensaient qu’on devrait laisser la langue tranquille, en gros jusqu’à ce qu’elle meure. Mais aujourd’hui, je crois que la communauté soutient nos efforts. On le voit de nombreuses manières partout dans la communauté : des panneaux routiers sont écrits dans la langue, des gens prénomment leurs enfants avec un nom seulement mohawk, des standardistes dans toutes nos organisations répondent au téléphone avec un « She:kon! », ce qui signifie « bonjour ! » dans ce contexte ; il y a aussi des pierres tombales sur lesquelles des noms mohawk sont gravés, et nos politiciens locaux reçoivent un soutien financier. Je vois alors tout cela comme du soutien en fonction de nombreuses compétences différentes.

MI : Quel a été le plus gros défi dans la revitalisation de la langue?

CH : Financer les programmes est un défi constant et nous sommes reconnaissants envers notre gouvernement local, le Conseil Mohawk de Tyendinaga, qui a été un très grand soutien financièrement. Également, dans ce monde moderne où nous vivons, je ne crois pas que les gens se rendent compte à quel point ils sont colonisés : certains ne voient pas l’intérêt d’apprendre la langue dans le monde dans lequel nous vivons, un monde motivé par le matérialisme et le capitalisme.

MI : Selon vous, quelles sont les chances de succès pour le projet de revitalisation de la langue mohawk ?

CH : Je dois dire que j’ai une confiance totale en nos efforts de revitalisation. Il n’y a pas d’autre réponse acceptable à mon avis. Je pense qu’il est nécessaire pour nous de continuer à éduquer les gens dans notre communauté et je prévois que, en fournissant une éducation aux gens et en les sensibilisant, les efforts continueront de s’accroître.

MI : Quel est votre sentiment quant au facteur-clé de cette réussite ?

CH : Je pense que le facteur clé est l’engagement dont tout le monde fait preuve dans le processus. Que ce soit ceux d’entre nous qui font le travail administratif ou bien ceux qui sont inscrits dans nos programmes, en passant par les parents qui placent leur confiance en nous pour éduquer leurs enfants : nous avons tous un rôle extrêmement important à jouer dans ces efforts.

MI : Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail?

CH : Ce travail, c’est ma passion, c’est toute ma vie. Je ne pourrais pas m’imaginer faire autre chose que ce que je fais. Je reçois tellement de satisfaction lorsque j’entends quelqu’un parler la langue, des enfants aux adultes. Je suis reconnaissante de la chance de pouvoir travailler si près d’une chose qui est importante non seulement pour moi mais aussi pour beaucoup de gens dans ma famille et dans ma communauté.

MI : Comment est-ce que les jeunes, les adultes et les aînés ont réagi à vos efforts?

CH : Il existe un groupe de personnes à qui j’attribue le mérite de l’impulsion originelle, il y a 10-15 ans, pour créer les opportunités linguistiques et culturelles dans la communauté. Ces personnes ont maintenant la trentaine et ce sont elles qui élèvent leurs enfants dans la langue et la culture. Durant les quelques dernières années, il a semblé y avoir un autre groupe de jeunes gens à être très intéressés par l’apprentissage de la langue et de la culture. C’est formidable pour nous. Il me semble qu’il est crucial que les jeunes acquièrent cette connaissance avant d’avoir des enfants dans l’espoir qu’ils les élèvent ensuite dans notre langue et selon nos coutumes. Notre langue ne sera tant que nous n’aurons pas une génération complète de locuteurs et dans l’idéal, ce seront là des enfants qui continueront à leur tour le processus d’enseigner et de parler à leurs propres enfants.

MI : Quelle a été la chose la plus importante que vous avez apprise grâce à ce projet?

CH : J’ai appris que rien de bon n’arrive sans efforts ! Je crois que c’est ma mère qui disait ça ! Nous avons dû lutter en cours de route mais, la satisfaction de pouvoir entendre des enfants parler la langue ou de l’entendre au magasin est tellement grande. Nous sommes passés d’une communauté virtuellement sans aucun locuteur à une communauté où la langue se fait entendre dans de nombreuses situations de la vie quotidienne. Nous sommes maintenant capables de conduire entièrement nos cérémonies dans notre maison longue communale dans la langue mohawk. Parfois nous avons l’impression de ne faire aucun progrès ; dans ces moments-là, il est alors important de repenser à la situation où nous nous trouvions il y a 10 ans, comparée à celle où nous sommes aujourd’hui. Ce n’est rien de moins qu’incroyable ; et ce sont les efforts combinés de chaque personne de la communauté qui a fait de la revitalisation de la langue une priorité dans sa vie.

MI : Qu’est-ce que vous aimeriez faire ensuite ou plutôt, où est-ce que vous aimeriez voir les projets de revitalisation être menés ensuite ?

CH : Je travaille en ce moment sur mon master en revitalisation des langues indigènes à l’Université du Manitoba. Mon projet consiste à mener une enquête au niveau communautaire sur la santé, le statut et la vitalité de la langue ; je suis pleine d’espoir quant à l’idée que je pourrais utiliser des données que j’aurais apprises grâce à ce procédé pour créer plus d’occasions pour les gens de notre communauté en termes de revitalisation et de régénération de notre langue et de notre culture.

[des enfants apprennent la langue Mohawk en Tyendinaga]

[Des enfants apprennent la langue mohawk en Tyendinaga]

Callie effleure beaucoup de questions qui sont essentielles pour la revitalisation de n’importe quelle langue. Peut-être d’autant plus importantes que ce n’est pas là chose facile ! Ce projet a été commencé par un petit groupe dévoué qui a refusé de permettre que leur langue ancestrale disparaisse. Pour eux, sauver leur langue mérite tout leur temps et tous leurs efforts ; ils ont travaillé très fort pour atteindre cet objectif. Comme le dit Callie, tant qu’il existera un groupe de gens dévoués et disposés à travailler à la préservation et à la revitalisation de la langue, alors, celle-ci sera sauvée. Elle ne doute pas un instant que le mohawk sera sauvegardé et, avec des gens qui travaillent, comme elle, pour sauvegarder les langues, je n’en doute pas non plus.

Elle mentionne aussi que dans cette société « motivée par le matérialisme et le capitalisme » que nous adoptons bien trop souvent, il existe des personnes qui n’accorderont pas d’importance à ce genre de travail. Certains voient le mohawk, ou n’importe quelle autre langue d’ailleurs, comme un moyen vers une fin : obtenir un emploi ou faire des profits économiques. Mais pour moi, ce n’est pas une chose à faire. Les gens n’apprennent pas seulement une langue (et ils ne devraient pas seulement l’apprendre) parce qu’elle a une grande valeur économique. Les apprenants de langue devraient être capables d’en voir les valeurs sociale et personnelle. Le mohawk possède une valeur culturelle significative pour les gens dont les ancêtres le parlaient autrefois. C’est un avantage immense mais difficile à mesurer.

Merci à Callie de m’avoir donné de son temps pour cette entrevue. Son travail est inestimable pour le tissu social de notre histoire, nous, Ontariens, Canadiens et, plus généralement, êtres humains.

 

A tantôt,

 

Michael Iannozzi

Merci beaucoup pour son excellent aide, comme toujours, avec la traduction à Floriane Letourneux.

 

They Are Standing the Words Back Up

This week I spoke with someone from the Tyendinaga Mohawk Territory, which is the community that is the subject of Raising the Words; a short documentary from Chloë Ellingson.

Callie Hill is the Executive Director of the Tsi Tyonnheht Onkwawenna Language and Cultural Centre, and she has a great deal of experience engaging with, and organizing the education of the Mohawk language. As a Mohawk herself, she also relates personally to the significance of losing the Mohawk language.

I spoke with her both about the language and how to save a language that needs our help.

[Callie in her office]

[Callie in her Tsi Tyonnheht Onkwawenna office]

Michael Iannozzi : What led you to get involved in revitalizing the Mohawk language?

Callie Hill : I think that having children was one of the defining moments in my life that made me realize how important the Mohawk language and culture is. And now I have a grandson so it is even more important to me. I am not a speaker, but I do have a base of language knowledge which I have gained from years of taking language programs. I hope to be able to continue learning the language so that I can pass this along to my grandchildren. My parents did not speak, but I did hear my paternal grandfather speak the language, which I don’t recall knowing was indeed Mohawk. He died when I was nine and he was the only person in my family that I ever heard speaking the language.

In 2004, I began to work for Tsi Tyonnheht Onkwawenna (TTO) as the Coordinator. At the time that I joined I was the only full-time employee. My role for the past ten years has been to create, develop and oversee Mohawk language programs in the community, which I have been doing as a non-speaker. By this I mean that I have been the Administrator of the programs, and never a teacher of the language. We now have a staff complement of six teachers, one teacher assistant, a part-time curriculum specialist, an Administrative Assistant and myself, the Executive Director.

MI :What does a typical day consist of in your work?

CH : As the Executive Director of the TTO Language and Cultural Centre, my typical day is administrative work. I write proposals, prepare reporting, oversee the staff and work on new programming. Because my office is at the primary immersion school I also act in the position of “Principal”, so some of my time is helping the teachers in this capacity. So really I don’t have a typical day because you just never know what can happen. We all very much work as a team in every aspect of our organization. Everyone is willing to pitch in and help where they can: being a community, that is what we are all about. For instance, the primary school had a Valentine cookie fundraiser in February and collectively in one day we raised $800, by baking and selling a total of 800 cookies at $1 each – that was a great success!

MI : Where do your revitalization efforts take place?

CH : Kenhteke (Tyendinaga Mohawk Territory) is a Kanyenkehaka (Mohawk people) territory located in eastern Ontario between Belleville and Kingston. Our land is based along the shores of the Bay of Quinte, which is off of Lake Ontario. Historically, we relocated here in 1784 after being displaced from our homelands in Upper New York State in the Mohawk Valley. Our on-reserve population is around 2,200 people.

MI : How are you approaching the revival of the Mohawk language?

CH : Because we recognize the importance of inter-generational transmission of the language for it to thrive, we operate programs geared towards different age categories. We have three levels of educational programs: Totahne (At Gramma’s place) Language Nest, which opened in 2007, is a total immersion program for pre-schoolers; Kawenna’on:we (The First Words) Primary Immersion School, which opened in 2011, is for children from Senior Kindergarten to Gr 4; and the Shatiwennakaratats (They are standing the words back up) Adult Language Program, which started in 2004, is a full-time program for adults. The children’s programs are total immersion, and the adult program, while intense in nature, uses various methods to teach the language which includes not only speaking but reading and writing.

MI : Do you think your approach would work for others (or all) Mohawk communities?

CH : Almost all other Mohawk communities are using formal educational programs such as ours. However our biggest challenge is that we do not have any mother tongue speakers in our community and all of our programs are taught by teachers who have learned the language as an adult. We have one fluent grandmother that works at Totahne as we recognized the importance of having a fluent speaker in that program with the very young children, and we were fortunate at the time to find someone willing to relocate to Kenhteke. Totahne is very much just like spending a day with “gramma” or in our case “Tota”. We also bring in fluent speakers throughout the year in the adult program as it is important for our students to hear language in its most natural form. We network with the other Mohawk communities as we are all in the same situation of trying to ensure our language thrives in our communities.

MI : How did you decide to begin this language training and what resources did you draw upon?

CH : In 2002 TTO formulated a long-term strategic plan which laid the groundwork for the revitalization efforts in the community; the plan was to teach the adults to speak—teach them to be teachers of the language, so that we could begin an immersion school for children. We have since met these goals through various ways and means. So now we continue to build upon this framework. The organization continues to hold strategic planning sessions each year.

MI : Why do you think the language has reached the point where it needs a revival?

CH : People quit speaking the language in our community for various reasons but in my opinion they all point back to colonization. In particular I am speaking of the influence of the Church through the missionaries and the Indian Act. I believe these to be the over-arching reasons which led to parents choosing not to speak Mohawk to their children, and once the intergenerational transmission in the homes was interrupted, it lead to the demise of the language in our community. By my estimation we have not had a generation of mother-tongue speakers who used the Mohawk language in daily life since the late 1800’s.

MI : How does the community feel about your efforts, and how did they feel when you started?

CH : When TTO organized in the late 1990’s there were mixed emotions about revitalization efforts. There was a group of supporters who were very committed to the efforts, and there were also some older people who thought it better left alone, basically to die. I believe the community is supportive of our efforts today. We see support in many ways throughout the community: road signs in the language, people naming their children with only a Mohawk name, people in all our service organizations answering the phones with “She:kon!” (translated in that context as “hello!”), gravestones with Mohawk names engraved on them, the financial support of our local politicians. So I see this as support in many different capacities.

MI : What has been the biggest challenge in revitalizing the Mohawk language?

CH : Funding of programs is an ongoing challenge and we are grateful to our local government, the Tyendinaga Mohawk Council, who have been very supportive financially. Also in this modern world we live in, I don’t believe people realize how colonized they are – some don’t see any point in learning the language in this materialistic, economy driven world we live in.

MI : What do you think is the chance of success for the Mohawk language revitalization project?

CH : I have to say that I have total confidence in our efforts to revitalize our language. There is no other acceptable answer in my opinion. I think it is necessary for us to continue to educate the people in our community, and I see through providing education and awareness the efforts will continue to grow.

MI : What do you feel is a key factor for the revitalization’s success?

CH : I think a key factor is the commitment shown by everyone in the process. From those of us doing the administrative work to the people who are enrolled in our programs and the parents who put their trust in us to educate their children, we all have a vitally important role to play in our efforts.

MI : What is your favourite part of your work?

CH : This work is my life’s passion. I could not see me doing anything other than what I do. I get so much satisfaction when I hear anyone speaking the language, from the children to the adults. I am grateful for the opportunity to be working so closely to something that is so important not only to me, but to many people in my family and my community.

MI : How have the youth, adults, and elders reacted to your efforts?

CH : There is a group of people who I credit for the original push for language and cultural opportunities in the community back 10-15 years ago. These people are now in their 30’s and they are the ones who are raising their children with language and culture. For the past few years there seems to be another group of young people who are very interested in learning the language and culture. This is very exciting for us. I think it is critically important that young people gain this knowledge prior to having children in hopes that they will raise their children in our language and our ways. Our language is not safe until we have a complete generation of speakers, and ideally this will be children who continue the process by teaching and speaking to their children.

MI : What has been the most important thing you’ve learned through this project?

CH : I have learned that nothing good is easy! I think my mother used to say that! We have had our struggles along the way, but the satisfaction of hearing the language being spoken by children or hearing it at the store is so satisfying. We have come from a community of virtually no speakers to one where language can be heard in many contexts. We are now able to conduct our ceremonies at our longhouse totally in the Mohawk language. It can sometimes feel as if we are making no progress so in those times it is important to reflect on where we were ten years ago compared to where we are today. It is nothing short of amazing, and it is the combined efforts of every person in the community who has made the revitalization of language a priority in his/her life.

MI : What would you like to do next, or where you like to see the revitalization projects head next?

CH : I am currently working on my Masters in Indigenous Language Revitalization through the University of Victoria. My project has been a community wide survey on the health, status and vitality of the language, and I am hopeful that I will be able to use some of what I have learned through that process to create more opportunities for people in our community in terms of revitalizing and regenerating our language and culture.

[A classroom of children learning the Mohawk language in Tyendinaga]

[A classroom of children learning the Mohawk language in Tyendinaga]

Callie hits on many points that are an essential part of the revitalization of any language. Perhaps most importantly that it isn’t easy! This project was started by a dedicated and small group who refused to allow their ancestral language to disappear. For them, it was worth their time and effort to save, and they worked very hard to reach that goal. As Callie says, if there is a committed group of people willing to work toward preserving and revitalizing the language then the language will be saved. Callie has no doubts that Mohawk will be saved, and with people like her working toward saving languages, I have no doubts either.

She also mentions that in the “materialistic, economy-driven” society that we far too often embrace there are those who might not value this kind of work. Some people see Mohawk, and any other language, as a means to an end—of gaining employment or economic gains. But to me this feels wrong. People don’t only learn (and shouldn’t only learn) a language because it is economically valuable. Language learners should be able to see the social and personal value of their language. The Mohawk language has significant cultural value for the people whose ancestors spoke it. This is a tremendous benefit that can’t easily be measured.

Thank you to Callie for her time for this interview. Her work is invaluable to the fabric of the story of us as Ontarians, Canadians, and ultimately as human beings.

 

Take care eh,

 

Michael Iannozzi

 

Une langue saisie en film

Chloë Ellingson est documentaliste et photographe. Son travail a été vu dans les journaux, lors d’événements et, elle a récemment discuté d’un projet sur Radio Q.

Son travail le plus récent a inclus l’étude d’un effort de redynamisation mené sur le mohawk par les habitants de Tyendinaga. Elle a créé un documentaire prévenant qui est une réflexion sur l’importance de la langue pour un peuple, la manière dont une langue peut être sauvée et sur les types de personnes requises pour sauver la langue.

J’ai eu l’occasion de lui poser quelques questions sur son nouveau film. Le documentaire s’intitule Raising the words. Le titre vient du nom du programme d’immersion de deux ans pour adultes, qui s’appelle Shatiwennakarà:tats, ce qui se traduit par « ils relèvent les mots ».

[Une photographie du film]

[Une photographie du film]

Michael Iannozzi : Qu’est-ce qui vous a menée à étudier le projet de redynamisation du mohawk (ou « agnier » en français)?

Chloë Ellingson : J’ai d’abord pris conscience de la revitalisation du mohawk [connu sous le nom de Kanien’keha en mohawk] à Tyendinaga via mes liens avec deux personnes qui se sont retrouvées à étudier le mohawk, Margaret et Ellie. Je les ai rencontrées en 2011 pour un projet de photographie sur lequel je travaillais et qui avait pour sujet les grands-parents qui élèvent leurs petits-enfants. J’étudiais à l’époque le photojournalisme au Loyalist College, qui se trouve près de Belleville en Ontario. Margaret et Ellie étaient vraiment enthousiastes au sujet des programmes de langues et parlaient souvent de ce qu’elles y apprenaient.

Ça m’a pris environ un an pour m’investir dans l’idée de travailler sur ce projet parce que j’avais de sincères réserves quant à l’idée d’assumer un sujet si éloigné de mes propres expériences. En fin de compte je me suis rendu compte qu’entendre parler de ce qui se passait à Tyendinaga avait en fait de puissantes répercussions sur ma perception du Canada, sur l’intensité de l’empreinte du colonialisme et également, plus généralement, sur ce que ça signifie de parler une langue. À un certain moment, j’ai senti que ces prises de conscience étaient trop importantes pour ne pas les partager et puis, j’avais déjà rencontré des gens qui étaient disposés à partager leurs histoires avec moi. J’ai alors commencé à tourner ce film en août 2013.

MI : Où est-ce que le film se déroule ?

CE : Le documentaire a pour titre « Raising the words », qui vient du nom du programme d’immersion de deux ans pour adultes, Shatiwennakarà:tats, ce qui se traduit par « ils relèvent les mots ». Il a lieu sur le territoire mohawk de Tyendinaga, à environ 200 km à l’est de Toronto, le long de la route 401. Tyendinaga est la terre natale d’environ 2 200 personnes bien que beaucoup plus de gens soient aussi des Mohawks de la Baie de Quinte mais vivant ailleurs. Ce territoire est l’un des 6 territoires mohawks à l’intérieur des frontières canadiennes.

MI : Aviez-vous passé beaucoup de temps dans des petites villes avant de filmer ce documentaire?

CE : À part le peu de temps où j’ai habité à Belleville ? Pas du tout ! J’avais passé ma vie seulement dans de grandes villes jusque-là. Tous ces grands espaces ouverts et le fait de devoir dépendre d’une voiture ont nécessité une grosse adaptation de ma part.

MI : En rentrant dans le projet, que saviez-vous déjà des langues indigènes canadiennes ? Et en particulier, que saviez-vous du mohawk ?

CE : Je ne savais rien du tout des langues indigènes au Canada et certainement rien de ce qui se faisait pour les raviver. Je n’avais aucune idée des liens entre le mohawk et les autres langues indigènes, des endroits où les gens le parlent, ou de l’importance et la signification de la langue pour les communautés mohawk. C’est ce qui m’a mené au projet : ce n’était pas un intérêt pour la langue elle-même mais un intérêt pour ce que signifie la langue pour les gens. Plus j’en apprenais sur la valeur qu’elle contient, plus ma curiosité augmentait.

Les expériences de vie des gens à qui j’ai parlé dans le film illustrent bien qu’une langue est bien plus que de la communication. C’est une connexion avec une culture, avec des ancêtres, avec soi-même. Certaines personnes dans le film considèrent l’apprentissage d’une langue comme un acte politique et comme une part essentielle de la connexion avec leur identité mohawk.

MI : Avez-vous rencontré des défis en filmant ?

CE : Je rencontre constamment des défis. Puisque je débute dans la réalisation, certains consistent à trouver comment monter ce film. Je suis habituée à travailler avec la photographie et, entre ces deux mediums, il y a d’énormes différences auxquelles je dois me confronter, par exemple je dois planifier et faire les choses de façon calculée plutôt que d’essayer d’avoir une approche plus intuitive. Il y a des défis plus sérieux aussi comme avoir besoin d’essayer de travailler loin des représentations exotiques et lointaines des peuples indigènes qui ont gangrené les représentations visuelles dans le passé et qui continuent de les gangrener. C’est un défi qui vous hante parce que j’ai peur que les préjudices qui m’ont entourée tout au long de ma vie puissent réapparaitre de manières que je ne saurais pas détecter.

MI : Parlons des gens qui forment la base du film: quelle a été leur réaction à l’idée de commencer à apprendre le mohawk ? Pourquoi est-ce important pour eux ?

CE : De ce que je comprends, il existe plusieurs motivations mais celle qui englobe toutes les autres est indescriptible parce que j’ai seulement pu en être vaguement le témoin et qu’elle répond à un besoin profond de se sentir à nouveau soi-même après une perte immense et violente. Je sais qu’il y a des motivations secondaires en jeu comme le fait de vouloir que leurs enfants aient accès aux opportunités que eux n’ont jamais eues, de se connecter avec la culture, de vivre les changements qu’ils veulent voir effectués dans la communauté à grande échelle. Notons aussi « le facteur cool » que la langue possède maintenant, tel que le formule Thanyehténhas Brinklow, un enseignant. Comme il le dit si bien dans le film, les gamins des années 80 et 90 « ont grandi après un racisme incroyable, après le réveil des Amérindiens, à une période où être amérindien redevenait cool. » C’est cette génération, dit-il, qui a été élevée dans un contexte qui permet la renaissance de la langue aujourd’hui.

MI : Quelle a été la partie la plus difficile dans l’assemblage de tout ceci ?

CE : La partie la plus difficile de ce projet a été de lutter contre le fait que j’en parle en anglais, j’écris dessus en anglais et j’y pense en anglais. Je pense que le travail a de la valeur même venant de ce point de vue mais il est étrange de contribuer à la redynamisation à travers simplement le contenu plutôt qu’à travers l’essence du film.

MI : Qu’est-ce qui est sorti de ce travail qui soit le plus surprenant ou bien nouveau ?

CE : J’ai été surprise d’entendre certains commentaires sur mon projet de la part de personnes que je considère par ailleurs très ouvertes d’esprit, curieuses et expérimentées. Un ami m’a demandé, après avoir entendu parler du projet : « Mais n’est-il pas normal que les langues meurent au fil du temps ? » J’en suis arrivée à croire que c’était là être à côté de la plaque. Il y a de vrais gens qui se sentent concernés par leur langue et qui se battent pour la garder en bonne santé. Pourquoi entretenir des notions telles que de savoir si oui ou non c’est important à l’échelle de l’histoire humaine entière, si clairement, aujourd’hui, c’est important pour un peuple ?

MI : À qui le projet est-il destiné? Qui espérez-vous avoir comme public pour ce film ?

CE : Il est très difficile de répondre à cette question parce que je serais heureuse si tout le monde regarde le film mais je ne peux pas prédire qui en retirera quelque chose d’instructif ou pas. Ceci dit, si le point de vue duquel le film a été réalisé peut être une indication de la réponse à votre question, je dirais alors que ce film est né grâce à une prise de conscience qu’une renaissance de la langue est en train de se produire. Cela a une immense valeur pour ceux que ça concerne. En apprendre plus sur ces efforts de revitalisation est une fenêtre ouverte sur l’exploration de l’impact en cours du colonialisme ainsi qu’un désir d’explorer et de partager les histoires touchantes et porteuses d’un message de vie de quelques personnes concernées par la revitalisation linguistique à Tyendinaga.

[Une photographie du documentaire]

[Une photographie du documentaire]

Un grand merci à Chloë pour avoir participé à cet entretien. Ce blogue se concentre généralement sur le travail de professeurs universitaires et de chercheurs mais il est important de parler aussi avec les personnes qui s’impliquent dans des projets linguistiques de manières différentes.

Le mohawk est importante pour un groupe des habitants de Tyendinaga. Ils passent du temps et dépensent des fonds pour essayer de raviver leur langue et pour encourager les gens à apprécier l’importance qu’a cette langue pour leur identité mohawk.

Ces langues ne sont pas en voie d’extinction comme une espèce animale ou végétale qui ne survit pas à cause de la sélection naturelle. Il n’y a rien de naturel dans la suppression que les langues amérindiennes subissent ; cela a créé une situation où beaucoup de langues se retrouvent maintenant au bord de l’extinction.

Les efforts comme ceux qui ont lieu à Tyendinaga ont pour objectif de restaurer la place d’une langue au sein d’une communauté et les efforts comme ceux de Chloë visent à informer les personnes concernées, et le public de manière générale, qu’il est possible de sauver ces langues mais que pour cela, elles ont besoin de notre aide.

Vous pouvez trouver des informations sur comment et où voir le film documentaire de Chloë en cliquant ici.

 

A tantôt, eh,

 

Michael Iannozzi

 

Merci à notre traductrice excellente Floriane Letourneux

 

Capturing a Language on Film

Chloë Ellingson is a documentarian and photographer. Her work has appeared in Newspapers, for events, and she recently discussed a project on Radio Q.

Her most recent work has involved the study of a revitalization effort being conducted on the Mohawk language by the people of Tyendinaga. She created a thoughtful documentary which reflects upon the importance of a language for a people, how a language can be saved, and what kind of people it takes to make it work.

I was able to ask Chloë about her new film. The documentary is called Raising the Words (This comes from the name for the two-year adult-immersion program, Shatiwennakarà:tats, which translates in English as “they are raising the words again”).

[Still from Chloë's Documentary Raising the Words]

[Photo from Chloë’s Documentary Raising the Words]

Michael Iannozzi : What led you to study the Mohawk language revitalization project?

Chloë Ellingson : I first became aware of the Mohawk language [known as Kanien’keha in Mohawk] revitalization in Tyendinaga through my relationship with two people who ended up studying Mohawk – Margaret and Ellie. I met them in 2011 for a photographic project I was working on about grandparents who are raising their grandchildren. I was studying photojournalism at Loyalist College at the time, which is in nearby Belleville, Ontario. Margaret and Ellie were really excited about the language programs, and talked often about what they were learning.

It took about a year for me to commit to the idea of working on this project, as I had sincere reservations about taking on a subject that was so removed from my own life experiences. Ultimately, I realized that hearing about what was happening in Tyendinaga was having a powerful impact on my perception of Canada, the depth of the imprint of colonialism, and also what it means to speak a language more broadly. At a certain point I felt that these realizations were too important not to share, and I had met people who were willing to share their stories with me. I started shooting this film in August, 2013.

MI : Where does the film take place?

CE : The documentary is called Raising the Words. It takes place in Tyendinaga Mohawk Territory, which is about 200km east of Toronto along Highway 401. Tyendinaga is home to roughly 2200 people, however there are many more people who are also Bay of Quinte Mohawks, but live elsewhere. It is one of the six Mohawk territories within Canadian borders.

MI : Had you spent much time in small towns before filming this documentary?

CE : Other than the short time I had been living in Belleville? Absolutely not! I had spent my life living in only big cities up to that point. All the open space and a dependence on a car was quite an adjustment for me.

MI : Going into the project, how much did you already know about the Indigenous languages of Canada? And specifically of Mohawk?

CE : I knew nothing about Indigenous languages in Canada, and certainly nothing about what was being done to revive them. I had no sense of how Mohawk related to other Indigenous languages, where people spoke it, or what it meant to communities of Mohawk people – and this is what got me into the project. It wasn’t an interest in the language itself, but an interest in what the language means to people. The more I learned about the value it held, the more my curiosity grew.

The life experiences of the people I’ve spoken to in the film have illustrated that language is about much more than communication. It’s a connection to culture, to ancestry, to self. Some of the people in the film see learning the language as a political act, and as an essential part of connecting with their Mohawk identity.

MI : Did you experience any challenges in filming this project?

CE : I experience challenges constantly. Some of the challenges are about figuring out how to piece this film together as a first-time filmmaker. I’m used to working with the medium of photography, and there are some huge differences to grapple with, such as the need to plan and do things in a pre-meditated fashion, rather than being able to have a more intuitive approach. There are more profound challenges as well, like the need to try to work away from the exoticized, distancing representations of Indigenous peoples that have plagued visual representations of the past, and continue to do so. This is a haunting challenge because I fear that the prejudices I’ve been surrounded by throughout my life could be coming out in in ways I’m not aware of.

MI : The people who form the basis of the film, what has been their reaction to beginning to learn the Mohawk language? Why is it important to them?

CE : From what I gather there are several motivations, but the overarching one is something I can’t describe, that I’ve only been able to vaguely bear witness to, and it has to do with addressing a profound need to feel like oneself after a tremendous, violent loss. I know that there are sub-motivations at play such as wanting their children to have access to opportunities they never did, to connect with culture, to live out the change they want experienced in the community on a broad scale.Important to note is also “the cool factor” that the language has now, as teacher Nathan Thanyehténhas Brinklow puts it. As he says in the film, the kids of ‘80s and ‘90s “grew up post-dramatic racism, post native-awakening, at a time where it started again to be cool to be native.” It’s this generation, he says, that has been raised in a context that allows for language revitalization.

MI : What has been the hardest part of putting this together?

CE : The hardest part is grappling with the fact that I talk, write, and think about this project in English. I think the work has value even coming from this standpoint, but it’s strange not to be contributing to the revitalization through what the film is, rather than just what it says.

MI : What has been the biggest surprise, or new thing that’s come from your work on this?

CE : It’s been surprising to me to hear some of the thoughts about my project from people I know who I otherwise consider to be very open-minded, curious and worldly people. One friend asked, after hearing about the work, something like, “But isn’t it normal for languages to die out through the course of history?” I’ve come to believe that this is totally missing the point. There are real people who care about their language and are fighting to keep it strong. Why entertain notions of whether or not it matters on the scale of total human history if it clearly matters to a people today?

MI : Who is this project aimed at? Who do you hope will be the audience for this film?

CE : I find this question very difficult to answer, because I’ll be happy for anyone to watch the film, and I can’t predict who will get something out of it and who won’t. That said, if the standpoint from which it was made can be an indication of the answer to your question, then I’ll say that this film came about through a realization that language revitalization is happening. It has tremendous value to those involved. Learning about these efforts at revitalization is a window into exploring the current impact of colonialism, and a desire to explore and share the life-affirming and moving stories of a few people who are involved in language revitalization in Tyendinaga.

[Still from Chloe's film Raising the Words]

[Photo from Chloë’s film Raising the Words]

A sincere thank you to Chloë for taking part in this interview. This blog has usually focussed on the work of academics and researchers, but it is important to speak also with people involved in language in other ways.

The Mohawk language is absolutely important to the people in Tyendinaga who are the subjects of Chloë’s film. They are spending their time and resources to try to revive their language, and to help people appreciate the importance that language has to Mohawk identity–both inside and beyond their community.

These languages aren’t endangered like a species that isn’t surviving due to natural selection. There has been nothing natural about the suppression that Indigenous languages have underwent that created a situation in which so many are now on the edge of extinction.

Efforts like those taking place in Tyendinaga hope to restore a language’s place in its community, and efforts like Chloë’s hope to inform those involved, and the public at large, that these languages can be saved, but they need our help.

 

Information on how and where to see Chloë’s documentary can be found Here.

 

Take care eh,

 

Michael Iannozzi