La Tavola est devenue canadienne

Cette semaine nous allons discuter avec Caroline di Cocco de ses aventures pour préserver l’histoire, la langue et la culture de gens qui représentent l’un des plus grands groupes d’immigrés au Canada : les Italo-canadiens.

Les Italiens représentent un large pan de l’histoire de l’immigration canadienne. Lors du recensement de 2011, 1,5 millions de Canadiens, soit 4,6% de la population totale, ont déclaré avoir un héritage, au moins partiel, italien. Les Italiens qui sont venus, et continuent de venir au Canada, avec leur langue (ou plutôt leurs langues comme on le verra plus tard), font maintenant intégralement partie du paysage linguistique canadien. C’est le travail de Caroline di Cocco et d’autres gens à travers le Canada, que de préserver les histoires, les expériences et la langue de ces gens. Pas seulement pour leurs descendants mais pour tous les Canadiens.

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[En faisant du vin à la main]

MI: Qu’est-ce qui vous a amenée à vous impliquer dans ce travail de documentation de l’héritage des Italiens au Canada ?

CdC : J’ai commencé à récolter de la documentation pour l’histoire de La Présence italo-canadienne au milieu des années 80. J’avais essayé de trouver des éléments historiques indiquant la présence italienne dans la région de Sarnia en Ontario. En regardant les écrits sur l’histoire de la ville, la chose la plus proche du sujet que j’ai pu trouver est qu’il y a eu une augmentation de la population italienne dans les années 50 à cause de l’augmentation du nombre de raffineries. Je me suis mise à suivre les pistes suivantes : comment la présence italo-canadienne a-t-elle changé la communauté de Sarnia-Lambton, et comment les Italiens ont-ils, eux, changé en se créant un nouveau foyer et une nouvelle vie dans cette région ? J’ai eu la profonde impression que si on ne prenait pas la responsabilité de faire des recherches et de créer des archives sur les histoires qui constituent la présence italo-canadienne, ces histoires seraient perdues à jamais pour les générations futures.

MI: Racontez-nous l’histoire de l’immigration italienne. Quand les Italiens sont-ils venus au Canada ?

CdC : L’histoire de l’immigration italienne comporte beaucoup de complexités qui pourraient remplir des volumes de livres. Pour vous répondre simplement, je peux évoquer brièvement deux aspects. Ces histoires se sont construites sur des luttes, des sacrifices, la survie, la débrouille, le travail, l’adaptation et le succès ; et elles ont aussi débouché sur la création d’une identité unique et différente de celle des Italiens d’Italie. Tout cela s’est créé parce que les Italiens se sont accrochés à leur propre identité et à leurs valeurs tout en recréant en même temps cette identité dans le contexte canadien. L’histoire de l’immigration à Sarnia Lambton a été mise à l’écrit dans un livre One by one… Passo dopo passo. Dans l’introduction, la docteure Gabriele Scardellato a écrit : « à partir de la fin des années 1870 jusqu’au début des années 1980 un total d’environ 630 000 Italiens ont immigré au Canada. » Dans notre recherche sur la région nous avons trouvé des preuves de la présence d’un certain Charles Ribighini en 1870 qui était venu pour travailler dans les gisements de pétrole dans la région de Petrolia. [Il se peut que ce Ch. Ribighini soit le tout premier Italien à être venu au Canada bien que personne ne puisse jamais en être sûr à 100%.]

De nombreuses versions de cette histoire et de ces aventures se retrouvent éparpillées partout à travers le pays et dans des collections privées. Ces histoires d’Italo-Canadiens, qu’on a recueillies, sont fragmentées et beaucoup sont cachées du public. On a besoin de faire plus de recherches parce que les collections et les histoires personnelles se retrouvent perdues ou oubliées génération après génération.

Afin de préserver ces histoires, de les rendre accessibles au public mais aussi de documenter celles qui doivent encore être racontées, on a fondé le Projet d’Archives Italo-Canadien (ICAP) [https://icap.ca/?lang=fr].

MI: De quoi s’agit-il? Parlez-nous de ce projet.

CdC : Le Projet d’Archives Italo-Canadien (ICAP) est une organisation à but non lucratif et une S.A., qui a pour but de promouvoir et d’organiser une stratégie nationale pour recueillir, préserver et rendre accessible les informations sur les expériences italo-canadiennes à travers le pays. À cette fin, l’ICAP a créé à travers tout le Canada un réseau de chercheurs, établis et émergents, qui travaillent dans le domaine des études italo-canadiennes afin de collaborer, de s’associer et de se connecter avec d’autres individus, groupes, organisations et institutions partout dans le pays, tous ceux qui s’intéressent à l’expérience italo-canadienne. Grace à ce réseau, l’ICAP travaille à encourager et à soutenir des activités qui cherchent à préserver et à fournir un accès à la documentation sur l’expérience italo-canadienne.

MI: Pourquoi est-il important de préserver l’italien que parlent les immigrants et leurs descendants au Canada ?

CdC : Je crois que l’identité de notre héritage est directement liée à cette langue en particulier. En comprenant et en parlant la langue de notre héritage, on crée une connexion plus forte avec la culture et on est capable d’engager le dialogue avec d’autres gens au sein de la communauté, ce qui en retour nous donne l’impression de faire partie de cet héritage.

MI: Comment les Archives utilisent-elles les informations qu’elles récoltent pour créer et renforcer cette connexion ?

CdC : L’ICAP ne récolte pas directement les informations mais il facilite la préservation des collections. Il le fait grâce à son réseau national d’experts qui aident à identifier des collections qui risquent d’être perdues, et qui aident aussi à rediriger ces collections vers des services d’archives telles que le Musée canadien de l’histoire, ou vers des archives locales. Partout au Canada les membres de l’ICAP aident à rassembler les communautés italo-canadiennes pour qu’elles engagent la conversation pour parler de leurs histoires, et aussi pour encourager les communautés locales à collecter, préserver et rendre accessibles leur histoire. Nous encourageons les gens à partager leurs histoires parce qu’elles représentent une partie importante de l’histoire du Canada. Nous les aidons, avec des experts, à trouver un moyen de préserver leur histoire. Nous offrons des ateliers et nous essayons de mettre en contact des communautés qui ont les mêmes idées pour effectuer ce genre de travail. Enfin, nous offrons du soutien et des conseils pour s’assurer que toute documentation est préservée que ce soit dans des archives locales, provinciales, universitaires ou nationales.

En gardant ces documents, histoires et artefacts dans les archives, nous nous assurons qu’ils sont gérés et catalogués professionnellement et, au fil du temps, numérisés et rendus accessibles à tous les Canadiens.

MI: Pourquoi est-il important d’enregistrer les voix et les histoires des immigrants italiens et de leurs familles ?

CdC : Les voix et les histoires des immigrants italiens nous parlent d’expériences, de changements radicaux dans la vie des gens et de comment leurs vies ont eu un impact sur les communautés dans lesquelles ils se sont installés. Ces histoires sont celles de gens qui, pour la plupart, viennent de milieux très modestes. Les histoires sont importantes à de nombreux égards et je crois qu’il est de notre responsabilité de nous assurer que les générations futures puissent aussi les entendre. Si nous ne documentons pas notre histoire, alors qui le fera ? Après tout, ça nous aide à mieux nous comprendre nous-mêmes et aussi à comprendre comment nous nous intégrons dans le tissu social canadien.

MI: Comment culture et langue sont-elles liées?

CdC : Culture et langue sont intrinsèquement liées l’une à l’autre. L’identité culturelle est enracinée dans la langue à de nombreux égards. Prenez par exemple la relation qu’ont les Italiens à la nourriture. Quand une table est considérée sous sa simple forme physique, le nom est de genre neutre ‘il tavolo’. Mais quand la table est mise pour recevoir des invités à diner, ou bien même quand elle est préparée pour un repas familial, il ne s’agit plus d’un simple objet physique et objectif et le genre féminin est alors utilisé : on dit ‘ la tavola’.

MI: Qu’est-ce que les expériences des immigrants italiens nous disent sur la langue et l’immigration plus généralement ?

CdC : Les histoires et les expériences nous disent que, bien que les gens s’adaptent à une vie dans un nouveau pays, qu’ils s’y habituent, qu’ils la reconstruisent, leur identité reste intrinsèquement connectée à leur langue et à leur lieu d’origine. La formation de leurs valeurs et de leur façon de penser se trouve en majeure partie connectée à leurs racines. Leur comportement est de nombreuses manières façonnée par le lieu d’origine et est lié de près à leur héritage. En gros, je vois que la vie quotidienne des immigrants, bien qu’ils soient maintenant à tous égards canadiens, est pleine d’habitudes et de façons de vivre qui sont étroitement liées à leur héritage ethnique et historique. [Par exemple, ma grand-mère fait toujours du pain frais le matin à l’âge de 78 et ce, presque tous les jours. Elle a des amis qui connaissent des lieux ‘secrets’ où ils récoltent des asperges sauvages et des champignons chaque année, et qui transmettent le nom de ces lieux à leurs enfants. La pleine lune d’octobre est toujours utilisée comme repère pour dire quand le vin pressé dans les garages doit être mis en bouteille ou rangé dans les casiers.]

MI: Vous avez publié un livre sur l’histoire des Italiens dans la ville de Sarnia (il se trouve que c’est justement aussi ma ville natale). Quelle a été l’expérience et l’histoire des Italiens du sud-est de l’Ontario et est-ce qu’elles diffèrent de celles ailleurs au Canada ?

CdC : Je trouve qu’il y a beaucoup de similarités mais aussi des différences significatives. Les histoires ont un thème commun quel que soit l’endroit où les Italiens se sont établis, pas seulement au Canada mais partout dans le monde. Pour la plupart, une forte éthique de travail et des unités familiales proches sont les valeurs communes où que vous alliez.

J’ai observé que dans les villes les plus petites, les Italiens semblent s’être intégrés plus rapidement au sein de la communauté canadienne bien qu’ils continuent à maintenir une fierté de leur héritage. Dans les petits centres urbains, les personnes d’origine italienne s’identifient soit comme italo-canadiens ou simplement comme Canadiens d’origine italienne. Dans les grands centres urbains où le nombre d’Italiens est de l’ordre de centaines de milliers, comme à Toronto, ils ont créé des « Petites Italies » et il semble qu’ils restent davantage connectés à leur lieu d’origine. À partir de mes conversations avec de nombreux groupes et personnes, il semble qu’ils s’identifient plus avec l’Italie.

Lorsque dans la conversation on en arrive à parler de l’histoire italo-canadienne, je trouve que dans les petites villes les gens se focalisent sur leur parcours pour venir ici au Canada tandis que dans les grandes villes il s’agit plutôt de ce que ça signifie d’être italien.

MI: Y a-t-il des différences entre l’italien parlé à Sarnia, à Windsor, à Toronto ou ailleurs au Canada ? Pourquoi à votre avis ?

CdC : À cause de ‘l’immigration en chaîne’ [qui permet à un immigrant, une fois la citoyenneté ou la résidence permanente acquise, de sponsoriser ou d’amener la famille étendue à les rejoindre dans leur nouveau pays], les gens d’une même ville ou région d’Italie s’installent dans les mêmes lieux au Canada. Du fait que la plupart des gens qui ont émigré étaient très peu éduqués, ils ne parlaient pas l’italien standard mais leur dialecte particulier, qui est souvent une langue très différente. Par exemple si le groupe vient de Sicile, les gens parlent sicilien. Pour quelqu’un comme moi, originaire du centre de l’Italie, le sicilien est une langue étrangère.

Il existe beaucoup de dialectes différents provenant tous d’Italie. Ces dialectes sont tous labélisés italiens ; néanmoins ils sont distincts les uns des autres. En fonction de l’endroit où un groupe spécifique d’immigrants italiens s’est installé, on verra un dialecte commun. Par exemple, la majorité des Italiens à s’être installés à Sarnia viennent d’une région du sud du Latium, connue sous le nom de Ciociarie ; vous entendrez donc parler ce dialecte. À Toronto le plus grand nombre des immigrants viennent de Calabre, beaucoup de Sicile, certains de Frioul, des Abruzzes, du Molise, tandis qu’un nombre beaucoup plus petit vient du sud du Latium. Non seulement vous avez différents ‘italiens’ parlés d’une ville à l’autre mais vous avez aussi une grande variation dans les villes mêmes.

C’est seulement ces 20 dernières années peut-être, à cause de l’éducation de masse, que la plupart des gens parlent l’italien ‘standard’ en Italie et que malheureusement les dialectes se perdent.

MI: Avez-vous l’impression que l’expérience ‘d’être italien’ au Canada a changé au cours des 50 dernières années ?

CdC : Oui je pense que ça a changé. On est passé d’une ‘italianité’ dotée au départ d’une vision négative ou péjorative à un état de ‘c’est dans le vent’ aujourd’hui. L’expérience a changé parce que les Italiens ont gagné le respect des autres Canadiens au fil du temps. Au fur et à mesure que les Canadiens interagissaient avec les Italiens, ils étaient de moins en moins suspicieux à leur égard. Cette compréhension les a menés à apprécier les valeurs italiennes du dur labeur, de la famille, de la bonne nourriture, ainsi de suite et, bien sûr, cela a marché dans le sens inverse aussi puisque les Italiens se sont intégrés de plus en plus dans la société canadienne.

Malheureusement, cette acceptation a mené à la perception que la langue italienne n’est pas nécessaire et donc à un désintérêt pour l’apprentissage de l’italien. Il y a de moins en moins d’Italo-canadiens aujourd’hui qui parlent italien.

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[Mes grandparents, Rita et Cataldo, et mon oncle et père, Frank et John]

Il existe l’expression « canadien à trait d’union ». Cette expression représente l’idée que beaucoup de Canadiens ne s’identifient pas simplement à l’identité canadienne. Si vous posez la question à beaucoup de Canadiens, dont beaucoup dans ma propre famille, ils ne diront pas qu’ils sont canadiens, mais plutôt qu’ils sont « X-canadiens ». Par exemple, ils se considèrent peut-être « italo-canadiens » ou peut-être même seulement « italiens » (la partie canadienne étant présupposée).

Seulement très peu de Canadiens, s’ils veulent bien remonter deux ou trois générations en arrière, trouveront que leurs ancêtres vivaient au Canada. Nous sommes une nation faite de nationalités différentes. Les Canadiens, ce sont les Premières Nations, les Inuits, les Métis mais aussi des Somaliens des Ukrainiens, et des Thaïlandais. Ces héritages nous façonnent individuellement et aussi en tant que nation. Être italien n’est pas quelque chose dont j’ai besoin dans la vie quotidienne mais ça m’aide à me sentir plus en adéquation avec mon passé.

En fait je me considère tout simplement canadien ; je n’utilise pas de trait d’union mais ma famille est faite d’Italiens et de Néerlandais et ça, ça fait partie de ma réalité en tant que Canadien. Ce que ça signifie d’être canadien est aussi divers que les nationalités, les gens et les langues qui font notre pays ; ça, c’est l’une des choses que je préfère quant au fait d’être canadien.

Et parce que ce serait irresponsable, même une abnégation de mon devoir, de ne pas vous fournir de délicieuses recettes italiennes, en voilà (recettes écrites en anglais) :

http://www.theglobeandmail.com/life/food-and-wine/food-trends/have-you-tried-zeppole-its-a-pastry-lovers-fever-dream/article4096172/

http://www.anitaliancanadianlife.ca/recipes/ciambelle-with-fennel/

 

A tantôt,

 

Michael Iannozzi

Merci bien Floriane pour ton aide!

 

 

Coming to la Tavola of Italian-Canadian Heritage

This week we’re speaking with Caroline di Cocco about her experiences working to preserve the history, language, and culture of one of Canada’s largest immigrant groups: the Italian-Canadians.

Italians make up a large part of the history of Canadian immigration. In the 2011 census 1.5 million Canadians (4.6% of our total population) stated they are at least partially of Italian heritage. The Italians who came, and come, to Canada with their language (or languages, but more on that later), become a part of Canada’s language landscape. It is the work of Caroline di Cocco, and others across Canada, to preserve their stories, experiences, and their language. Not just for their descendants, but for all Canadians.

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[My gramma and grampa, Rita and Cataldo, and my dad and his brother, Frank and John]

Michael Iannozzi : What led you to get involved in documenting the heritage of Italians in Canada?

Caroline Di Cocco : I began documenting the story of the Italian-Canadian Presence around the mid-1980’s. I tried to find some history about the Italian presence in the Sarnia area. The closest thing I was able to find in the written history of Sarnia was that there was a growth of the Italian population in Sarnia in the 1950’s due to the growth of the refineries. I was driven by this question: how did the Italian-Canadian presence change the community of Sarnia-Lambton, and how were the Italians changed by having created a new home and a new life in the area? I felt a profound sense that if we did not take on the responsibility to research and document stories of the Italian-Canadian presence, these stories would be lost for future generations.

MI : What has been the immigration history? When did the Italian-canadians come to Canada?

CDC : The Italian immigration history has many complexities that fill volumes of books. In this response I can only touch on a couple of aspects. These stories are built of struggle, sacrifice, survival, resourcefulness, hard work, adjustment, and success; and in the creation of an identity which is unique from that of Italians in Italy. This was created out of holding on to one’s identity and values while at the same time re-creating that identity in a Canadian context. The Italian immigration story of Sarnia Lambton is written in a book called “One by One… Passo dopo passo.” In the introduction, Dr. Gabriele Scardellato writes, “From the late 1870s to the early 1980’s a total of some 630,000 Italians had immigrated to Canada”. In our research of the area we found evidence of a Charles Ribighini in 1870 who came to work in the oil fields in the Petrolia area [This may be the first Italian to come to Canada, although no one can ever know for sure].

Numerous stories of this history and experience is dispersed across the country and in personal collections. These collected histories of Italian-Canadians are fragmented and many of the stories are hidden from the public. More research needs to be done because collections and personal histories are being lost or forgotten with each generation.

In order to have the Italian-Canadian stories preserved, made accessible, and to document the ones that have yet to be told, the Italian-Canadian Archives Project (ICAP) was founded.

MI : What is the Italian-Canadian Archive Project?

CDC : The Italian-Canadian Archives Project “ICAP” is a not-for-profit organization, incorporated to promote and organize a national strategy to gather, preserve and make accessible material about the Italian-Canadian experience across the country. To this end, ICAP has created a Canada-wide network of established and emerging researchers in the field of Italian-Canadian studies to collaborate, partner and connect with other individuals, groups, organizations, and institutions across Canada who are interested in the Italian-Canadian experience. Through this network, ICAP works to encourage and support activities to preserve and provide access to materials on the Italian-Canadian experience.

MI : Why is it important to preserve the Italian spoken by the immigrants to Canada and their descendants?

CDC : I believe that the identity of one’s heritage is directly tied to that specific language. By understanding and speaking the language of one’s heritage, you create a stronger connection to the culture and you are able to engage others with others within that community, which makes one feel more a part of that heritage.

MI : How does the archive use the materials it gathers to create this stronger connection?

CDC : ICAP does not collect materials directly, but facilitates the preservation of collections. It does this through its national network of experts who assist in identifying collections that are at risk, and help to direct these collections to archives such as the National Museum of History, or to local archives. All across Canada ICAP members assist in bringing together Italian-Canadian communities to engage in the conversation about their Italian-Canadian stories, and to encourage the local communities to collect, preserve, and make accessible their history. We encourage people that their stories are an important part of Canada’s History; assist them, with the help of experts, on how they can preserve their history; provide workshops; and to connect like-minded communities who are doing this kind of work. Finally, we provide support and advice to ensure that any materials are preserved in either a local, provincial, university or national archive.

By keeping these documents, stories and artifacts in archives, it ensures that they are professionally managed, catalogued, and over time, digitized and made accessible to all Canadians.

MI : Why is it important to record the voices and histories of the Italian immigrants and their families?

CDC : The voices and histories of the Italian immigrant tells of experiences of dramatic change in people’s lives and how their lives impacted communities into which the settled. These stories are about people who for the most part came from very humble origins. The stories are important in so many ways, and I believe we have a responsibility to make certain future generations can also hear them. If we do not document our history then who will? After all, it helps us to understand ourselves and how we fit into the fabric of Canada.

MI : How are culture and language tied together?

CDC : Culture and language are intrinsically tied to one another. Cultural identity is imbedded in language in so many ways. For example, take the Italian relationship to food. When a table is considered as its physical noun, it is gender neutral “il tavolo”. When a table has been set for dining for guests, or is prepared for the family to sit and eat, then it is no longer just a physical and objective object, and the feminine gender is used “la tavola”.

MI : What do the experiences of the Italian immigrants tell us about language and immigration more broadly?

CDC : The stories and experiences tell us that although people adapt, adjust, and rebuild a life in a new country, their identity is intrinsically connected to their language and place of origin. The shaping of their values and thinking is in large part connected to their roots. Their behaviour is in many ways shaped by the place of origin, and closely tied to their heritage. Basically I see that the day-to-day lives of the immigrants, although they are now for all intents and purposes Canadian, are full of habits and ways of life that are closely linked to their ethnic and historical heritage [For instance, my gramma still gets up and bakes fresh bread at 78 years of age almost daily. She has friends that have “secret” places where they harvest wild asparagus and mushrooms each year, and only pass on the location to their children. And the full moon of October is still used for when wine pressed in garages is bottled or racked].

MI : You published a book on the history of Italians in the town of Sarnia (which happens to also be my hometown). What has been the experience and history of the Italians of southwestern Ontario, and does it differ from the experiences of Italians elsewhere in Canada?

CDC : I find that there are many similarities but also significant differences. The stories have a similar theme no matter where the Italians settled, not just in Canada, but around the world. For the most part, the values of a strong work ethic, and close family units are a common theme anywhere you go.

My observations have been that in smaller towns and cities, Italians seem to have integrated more quickly within the Canadian community, although they continue to maintain a pride of their heritage. In smaller centers those of Italian origin identify themselves as either Italian-Canadians, or simply as Canadians with Italian background. In large centres, where the number of Italians is in the hundreds of thousands, such as Toronto, they have create “little Italys”, and seem to stay connected more to their place of origin. From my conversations with many groups and individuals, they seem to identify more with Italy.

When the conversation of Italian-Canadian history takes place, I have found that in small centres it is about the journey here to Canada, whereas in large cities it seems to be about what constitutes being Italian.

MI : Are there differences in the Italian spoken in Sarnia, vs Windsor, vs Toronto, vs elsewhere in Canada? Why would that be?

CDC : Because of “chain migration” [Which allows an immigrant, once given citizenship or permanent residence status, to sponsor or bring extended family to join them in their new country], people from the same town or same regions of Italy settled in the same places in Canada. Because most people who emigrated had very little education, they did not speak Italian, but their specific dialects, which often are very different languages. For instance if the group was from Sicily, they spoke Sicilian. For someone like me, who is from Central Italy, Sicilian is a foreign language.

There are many different dialects all coming from Italy. These dialects are all labelled Italian; however, they are distinct. Depending on where the specific clusters of Italian immigrants settled, you will see a common dialect. For example, the majority of Italians to settle in Sarnia come from southern Lazio, known as Ciociaria, so you have that dialect spoken. In Toronto the largest number of immigrants come from Calabria, with many from Sicily, some from Friuli, Abruzzo, Molise, whereas a much smaller number are from southern Lazio. Not only do you have different “Italian” spoken from city to city, but also great variation within the cities.

It is only over the last maybe 20 years, due to mass education, that most people speak “standard” Italian in Italy, and unfortunately the dialects are being lost.

MI : Do you feel that the experience of “being Italian” in Canada has changed over the past 50 years?

CDC : Yes I think it has changed from “Italian-ness” initially having a negative or pejorative connotation to being “in” today. The experience has changed because the Italians earned the respect of other Canadians along the way. As Canadians interacted with Italians they were less uncertain about them. This understanding has led to the appreciation of the Italian values of hard work, family, good food and so on, and of course this worked in reverse too as Italians more-and-more integrated into Canadian society.

Unfortunately, this acceptance has led to the perception that Italian is not needed, and a decreased interest in learning Italian. There are fewer and fewer Italian-Canadians today who speak Italian.

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[Making wine using an old-fashioned, hand-cranked, press]

There is a phrase, “Hyphenated Canadian”. It represents the idea that many Canadians don’t identify as simply Canadian. If you ask many Canadians, including many in my own family, they don’t say they are Canadian, rather they say they are “X-Canadian”. For example, they may consider themselves “Italian-Canadian”, or maybe even just “Italian”(the Canadian part being assumed).

Very few Canadians, if they are willing to go back a couple of generations, will find that their ancestors were living in Canada. We are a nation of nationalities. Canadians are First Nations, Inuit, and Metis, but Canadians are also Somali, Ukrainian, and Thai. These heritages shape us individually, and also as a nation. Italian isn’t something I may need to use on a daily basis, but it helps me feel more connected with my past.

I actually consider myself just simply “Canadian”, I don’t use a hyphen, but my family is made up of Italian and Dutch, and that is part of my reality as a Canadian. What it means to be Canadian is as diverse as the nationalities, peoples, and languages that make up our country, and that is one of my favourite things about being Canadian.

And because it would be irresponsible, and an abnegation of my duty to not provide you with Italian tasty recipes, here are some:

http://www.theglobeandmail.com/life/food-and-wine/food-trends/have-you-tried-zeppole-its-a-pastry-lovers-fever-dream/article4096172/

http://www.anitaliancanadianlife.ca/recipes/ciambelle-with-fennel/

 

Take care eh,

 

Michael Iannozzi

 

 

International Mother Language Day

International Mother Language Day

The IMLD Poster for 2010. Others can be found here.

The IMLD Poster for 2010. Others can be found here.

Language is so much more than just “how we communicate”. Language evokes our emotions – forming our poems, stories, songs and many more powerful forms of self-expression. It shapes who we are, and it connects us to other people. Language is for more than being simply understood, it is allows us to be able to understand one another at a much deeper level.

Saturday is International Mother Language Day (IMLD), and it is a day to celebrate one’s identity. IMLD gives us an opportunity to recognize and appreciate celebrate the beauty that comes with the 6,000+ languages on earth. The comparison is often made that endangered languages are like endangered animals: we could only have five or ten, but wouldn’t the world be a whole lot less pretty and interesting without them? Our different languages shouldn’t be seen as causing confusion, or misunderstandings, they are each and every one an essential part of the fabric that makes up humanity. With each loss of a language, we lose another point-of-view to being human. We lose how that language’s speakers saw the world, and so we lose another lens with which to look upon the world.

According to the last census figures, 45% of Torontonians don’t speak English in the home. Many Canadians across the country have a Heritage language. My gramma on my mum’s side grew up speaking Dutch, my grampa grew up with an Italian-immigrant father, and my dad’s first language was Italian; his parents emigrated from Italy just before he was born. We should celebrate where we come from, and remember that our identity is shaped not just by being Thai, Cree, or French, but also by the languages that come with that heritage.

My first language is English, and it is easy to take for granted that everywhere I go, English resources surround me. However, for many, English might be the language of work, school, or exteriorities, but their Mother Language is the one used in the home, with the family, and for self-reflection.

There is a concept in linguistics called the Sapir-Whorf hypothesis, which states that certain things can’t even be conceived of in a different language. For example, if your language doesn’t have a term for schadenfreude, then you will have a hard time grasping the idea. The idea being roughly, “taking the guilty pleasure from the pain of others” (think people falling over on America’s Funniest Home Videos). However, this hypothesis is found to be untrue. There is no English term for sobremesa, which is a Spanish word describing the lovely and winding conversations had at the dinner table after eating; however, I think most of us can identify with the sentiment. Although the Sapir-Whorf hypothesis may be mostly untrue, there are certain things that are different depending on your first language. I have read Leonard Cohen translated into French, and I would argue that there is something indescribable missing when the work is translated—some important part of the beauty is translated out of the text.

This Saturday you should consider promoting, teaching, and using any languages you know how to speak. But don’t stop there! Continue on after Saturday. Don’t let it stop with one day. We should all be proud of our languages, and we should be excited to share our heritage with those around us.

So whatever your heritage is, whatever languages you speak, and wherever you come from, use International Mother Tongue Day to think about the steps have led to you being where you are today. The world is so much better with variety and diversity, and language is another way we can prove that point.

So go out and prove that point!

Council of Europe poster for Minority Language Rights

Council of Europe poster for Minority Language Rights

And, if you are in Toronto please join us at Maria A Shchuka library from 10-4 for family-friendly activities that celebrate many languages.

 

Take care eh,

 

Michael Iannozzi