Ils relèvent les mots

Cette semaine j’ai parlé avec une personne du Territoire Mohawk de Tyendinaga, qui est la communauté qui fait le sujet de l’article « Raising the words » (« Ils relèvent les mots »), un documentaire court réalisé par Chloë Ellingson.

Callie Hill est la directrice exécutive du centre culturel et linguistique Tsi Tyonnheht Onkwawenna (TTO). Elle possède énormément d’expérience dans le combat pour le mohawk et dans son enseignement. Elle-même mohawk, elle est intimement liée à ce que signifie la perte de la langue.

Je me suis entretenue avec elle pour parler à la fois de la langue et de comment sauvegarder une langue qui a besoin de toute notre aide.

[Callie dans son bureau]

[Callie dans son bureau]

Michael Iannozzi : Qu’est-ce qui vous a menée à vous engager dans la revitalisation du Mohawk?

Callie Hill : Je crois qu’avoir des enfants a été l’un des moments décisifs dans ma vie, qui m’a fait me rendre compte de l’importance de la langue et de la culture mohawk. Et maintenant que j’ai un petit-fils, c’est même encore plus important à mes yeux. Je ne peux pas parler la langue mais j’ai une connaissance linguistique de base que j’ai gagnée au cours des années où j’ai suivi des programmes linguistiques. J’espère pouvoir continuer à apprendre la langue pour pouvoir ensuite la transmettre à mes petits-enfants. Mes parents ne le parlaient pas non plus mais j’ai entendu mon grand-père paternel parler la langue, mais je ne me rappelle pas savoir à l’époque que c’était bel et bien du mohawk. Il est décédé lorsque j’avais neuf ans et c’était la seule personne de ma famille que j’ai jamais entendu parler la langue.

En 2004, j’ai commencé à travailler pour Tsi Tyonnheht Onkwawenna en tant que coordinatrice. À l’époque où j’ai rejoint le centre, j’étais la seule employée à plein-temps. Mon rôle, ces dix dernières années a consisté à créer, développer et superviser les programmes linguistiques mohawk dans la communauté, ce que je fais en tant que non-locutrice. Je veux dire par là que je suis l’administratrice des programmes mais que je n’enseigne jamais la langue. Nous avons maintenant au total un personnel de 6 enseignants, un assistant d’enseignement, un spécialiste du curriculum qui travaille à mi-temps, un assistant administratif et moi-même, la directrice administrative.

MI : En quoi consiste une journée typique dans votre travail ?

CH : En tant que directrice exécutive du Centre culturel et linguistique TTO, une journée typique consiste à faire du travail administratif. J’écris des projets de recherche, je prépare des reportages, je supervise le personnel et je travaille sur de nouvelles programmations. Parce que mon bureau se trouve à l’école primaire d’immersion, j’agis aussi en tant que principale de l’école. À ce titre, une partie de mon temps consiste alors à aider les enseignants. Je n’ai pas vraiment de journée typique parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. Nous fonctionnons tous beaucoup comme une équipe et ce, dans chaque aspect de notre organisation. Tout le monde fait preuve de bonne volonté pour donner un coup de main et aider là où il le peut : être une communauté, c’est tout ce qui nous importe. Par exemple, l’école primaire a organisé une vente de biscuits pour la Saint Valentin en février afin de collecter des fonds et, tous ensemble, en une seule journée, nous avons collecté 800 dollars, rien qu’en faisant un total de 800 biscuits et en les vendant au prix de 1 dollar l’unité ; ça a été un grand succès !

MI : Où est-ce que vos efforts de redynamisation ont lieu?

CH : Kenhteke, sur le territoire Mohawk Tyendinaga, est un territoire kanyenkehaka du peuple Mohawk situé à l’est de l’Ontario entre Belleville et Kingston. Notre terre est basée le long des côtes de la Baie de Quinte, au large du lac Ontario. Historiquement, nous nous sommes installés là-bas en 1784 après avoir été déplacés de notre terre natale qui se trouvait dans la vallée mohawk dans le nord de l’état de New-York. Notre population dans la réserve comptabilise approximativement 2 200 personnes.

MI : Quelle est votre approche concernant la renaissance de la langue mohawk ?

CH : Parce que nous reconnaissons l’importance de la transmission intergénérationnelle de la langue afin qu’elle se développe, nous gérons des programmes destinés à des catégories d’âges différents. Nous avons trois niveaux de programmes pédagogiques : « le nid linguistique Totahne », Totahne signifiant « chez Grand-Mère », a ouvert en 2007 ; c’est un programme d’immersion totale pour les enfants d’âge préscolaire ; ensuite, nous avons l’école primaire d’immersion Kawenna’on:we, qui signifie « Les premiers mots » : elle a ouvert en 2011 et cible les enfants de grande section de maternelle jusqu’aux enfants de 4ème année. Enfin, il y a le programme linguistique pour adultes « Shatiwennakaratats », ce qui signifie « Ils remettent debout les mots ». Il a débuté en 2004 et c’est un programme à plein-temps pour adultes. Les programmes pour les enfants sont de l’immersion totale tandis que le programme adulte, bien qu’intense par nature, utilise des méthodes variées pour enseigner la langue, incluant non seulement de parler mais aussi de lire et d’écrire.

MI : Pensez-vous que votre approche marcherait pour d’autres communautés, voire toutes les communautés mohawk ?

CH : Presque toutes les autres communautés kohawk utilisent des programmes pédagogiques formels comme les nôtres. Cependant notre plus gros défi est que nous n’avons pas de locuteurs natifs dans notre communauté et que tous nos programmes sont enseignés par des gens qui ont appris la langue à l’âge adulte. Nous avons une grand-mère qui parle couramment et qui travaille pour le programme « Totahne » parce que nous reconnaissons l’importance d’avoir un locuteur qui parle couramment dans le programme pour les tout-petits. Nous avons eu la chance à l’époque de trouver quelqu’un qui soit prêt à s’installer à Kenhteke. Le programme Totahne ressemble beaucoup à une journée passée chez votre grand-mère, ou dans notre cas, chez « Tota ». Nous amenons aussi, tout au long de l’année, dans le programme adulte, des locuteurs qui parlent couramment car il est important pour nos étudiants d’entendre la langue dans sa forme la plus naturelle. Nous créons des réseaux avec les autres communautés mohawk parce que nous sommes tous dans la même situation, à savoir en train d’essayer de s’assurer du bon développement de la langue dans nos communautés.

MI : Comment avez-vous décidé de commencer cet entrainement linguistique et quelles ressources avez-vous utilisées ?

CH : En 2002, le centre TTO a formulé un projet stratégique à long-terme qui a jeté les bases pour les efforts de renaissance dans la communauté ; le projet consistait à enseigner aux adultes à parler, à leur apprendre à devenir des enseignants de la langue pour que nous puissions ensuite commencer une école d’immersion pour les enfants. Nous avons depuis atteint ces objectifs grâce à des méthodes variées. Maintenant nous continuons à nous développer à partir de ce cadre. L’organisation continue de tenir tous les ans des sessions de planification stratégique.

MI : Pourquoi pensez-vous que la langue est arrivée à un point où elle a besoin d’une renaissance ?

CH : Les gens ont arrêté de parler la langue, dans notre communauté du moins, pour diverses raisons mais à mon avis, elles pointent toutes du doigt la colonisation. En particulier je parle là de l’influence de l’Église à travers ses missionnaires et de la Loi sur les Indiens de 1876. Je crois que ces deux-là sont les raisons globales qui ont mené à ce que les parents choisissent de ne pas parler le mohawk à leurs enfants et, une fois que la transmission intergénérationnelle est interrompue dans les foyers, tout cela mène à la chute de la langue dans la communauté. D’après mes estimations nous n’avons pas eu de génération de locuteurs natifs qui utilisent le mohawk dans la vie quotidienne depuis la fin du XIXème siècle.

MI : Que ressent la communauté à propos de ces efforts, et que ressentaient-ils lorsque vous avez commencé?

CH : Lorsque le centre TTO s’est organisé à la fin des années 90, les sentiments étaient mitigés à propos des efforts de revitalisation. Il y avait un groupe de partisans dévoués aux efforts mais il y avait aussi des personnes plus âgées qui pensaient qu’on devrait laisser la langue tranquille, en gros jusqu’à ce qu’elle meure. Mais aujourd’hui, je crois que la communauté soutient nos efforts. On le voit de nombreuses manières partout dans la communauté : des panneaux routiers sont écrits dans la langue, des gens prénomment leurs enfants avec un nom seulement mohawk, des standardistes dans toutes nos organisations répondent au téléphone avec un « She:kon! », ce qui signifie « bonjour ! » dans ce contexte ; il y a aussi des pierres tombales sur lesquelles des noms mohawk sont gravés, et nos politiciens locaux reçoivent un soutien financier. Je vois alors tout cela comme du soutien en fonction de nombreuses compétences différentes.

MI : Quel a été le plus gros défi dans la revitalisation de la langue?

CH : Financer les programmes est un défi constant et nous sommes reconnaissants envers notre gouvernement local, le Conseil Mohawk de Tyendinaga, qui a été un très grand soutien financièrement. Également, dans ce monde moderne où nous vivons, je ne crois pas que les gens se rendent compte à quel point ils sont colonisés : certains ne voient pas l’intérêt d’apprendre la langue dans le monde dans lequel nous vivons, un monde motivé par le matérialisme et le capitalisme.

MI : Selon vous, quelles sont les chances de succès pour le projet de revitalisation de la langue mohawk ?

CH : Je dois dire que j’ai une confiance totale en nos efforts de revitalisation. Il n’y a pas d’autre réponse acceptable à mon avis. Je pense qu’il est nécessaire pour nous de continuer à éduquer les gens dans notre communauté et je prévois que, en fournissant une éducation aux gens et en les sensibilisant, les efforts continueront de s’accroître.

MI : Quel est votre sentiment quant au facteur-clé de cette réussite ?

CH : Je pense que le facteur clé est l’engagement dont tout le monde fait preuve dans le processus. Que ce soit ceux d’entre nous qui font le travail administratif ou bien ceux qui sont inscrits dans nos programmes, en passant par les parents qui placent leur confiance en nous pour éduquer leurs enfants : nous avons tous un rôle extrêmement important à jouer dans ces efforts.

MI : Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail?

CH : Ce travail, c’est ma passion, c’est toute ma vie. Je ne pourrais pas m’imaginer faire autre chose que ce que je fais. Je reçois tellement de satisfaction lorsque j’entends quelqu’un parler la langue, des enfants aux adultes. Je suis reconnaissante de la chance de pouvoir travailler si près d’une chose qui est importante non seulement pour moi mais aussi pour beaucoup de gens dans ma famille et dans ma communauté.

MI : Comment est-ce que les jeunes, les adultes et les aînés ont réagi à vos efforts?

CH : Il existe un groupe de personnes à qui j’attribue le mérite de l’impulsion originelle, il y a 10-15 ans, pour créer les opportunités linguistiques et culturelles dans la communauté. Ces personnes ont maintenant la trentaine et ce sont elles qui élèvent leurs enfants dans la langue et la culture. Durant les quelques dernières années, il a semblé y avoir un autre groupe de jeunes gens à être très intéressés par l’apprentissage de la langue et de la culture. C’est formidable pour nous. Il me semble qu’il est crucial que les jeunes acquièrent cette connaissance avant d’avoir des enfants dans l’espoir qu’ils les élèvent ensuite dans notre langue et selon nos coutumes. Notre langue ne sera tant que nous n’aurons pas une génération complète de locuteurs et dans l’idéal, ce seront là des enfants qui continueront à leur tour le processus d’enseigner et de parler à leurs propres enfants.

MI : Quelle a été la chose la plus importante que vous avez apprise grâce à ce projet?

CH : J’ai appris que rien de bon n’arrive sans efforts ! Je crois que c’est ma mère qui disait ça ! Nous avons dû lutter en cours de route mais, la satisfaction de pouvoir entendre des enfants parler la langue ou de l’entendre au magasin est tellement grande. Nous sommes passés d’une communauté virtuellement sans aucun locuteur à une communauté où la langue se fait entendre dans de nombreuses situations de la vie quotidienne. Nous sommes maintenant capables de conduire entièrement nos cérémonies dans notre maison longue communale dans la langue mohawk. Parfois nous avons l’impression de ne faire aucun progrès ; dans ces moments-là, il est alors important de repenser à la situation où nous nous trouvions il y a 10 ans, comparée à celle où nous sommes aujourd’hui. Ce n’est rien de moins qu’incroyable ; et ce sont les efforts combinés de chaque personne de la communauté qui a fait de la revitalisation de la langue une priorité dans sa vie.

MI : Qu’est-ce que vous aimeriez faire ensuite ou plutôt, où est-ce que vous aimeriez voir les projets de revitalisation être menés ensuite ?

CH : Je travaille en ce moment sur mon master en revitalisation des langues indigènes à l’Université du Manitoba. Mon projet consiste à mener une enquête au niveau communautaire sur la santé, le statut et la vitalité de la langue ; je suis pleine d’espoir quant à l’idée que je pourrais utiliser des données que j’aurais apprises grâce à ce procédé pour créer plus d’occasions pour les gens de notre communauté en termes de revitalisation et de régénération de notre langue et de notre culture.

[des enfants apprennent la langue Mohawk en Tyendinaga]

[Des enfants apprennent la langue mohawk en Tyendinaga]

Callie effleure beaucoup de questions qui sont essentielles pour la revitalisation de n’importe quelle langue. Peut-être d’autant plus importantes que ce n’est pas là chose facile ! Ce projet a été commencé par un petit groupe dévoué qui a refusé de permettre que leur langue ancestrale disparaisse. Pour eux, sauver leur langue mérite tout leur temps et tous leurs efforts ; ils ont travaillé très fort pour atteindre cet objectif. Comme le dit Callie, tant qu’il existera un groupe de gens dévoués et disposés à travailler à la préservation et à la revitalisation de la langue, alors, celle-ci sera sauvée. Elle ne doute pas un instant que le mohawk sera sauvegardé et, avec des gens qui travaillent, comme elle, pour sauvegarder les langues, je n’en doute pas non plus.

Elle mentionne aussi que dans cette société « motivée par le matérialisme et le capitalisme » que nous adoptons bien trop souvent, il existe des personnes qui n’accorderont pas d’importance à ce genre de travail. Certains voient le mohawk, ou n’importe quelle autre langue d’ailleurs, comme un moyen vers une fin : obtenir un emploi ou faire des profits économiques. Mais pour moi, ce n’est pas une chose à faire. Les gens n’apprennent pas seulement une langue (et ils ne devraient pas seulement l’apprendre) parce qu’elle a une grande valeur économique. Les apprenants de langue devraient être capables d’en voir les valeurs sociale et personnelle. Le mohawk possède une valeur culturelle significative pour les gens dont les ancêtres le parlaient autrefois. C’est un avantage immense mais difficile à mesurer.

Merci à Callie de m’avoir donné de son temps pour cette entrevue. Son travail est inestimable pour le tissu social de notre histoire, nous, Ontariens, Canadiens et, plus généralement, êtres humains.

 

A tantôt,

 

Michael Iannozzi

Merci beaucoup pour son excellent aide, comme toujours, avec la traduction à Floriane Letourneux.

 

They Are Standing the Words Back Up

This week I spoke with someone from the Tyendinaga Mohawk Territory, which is the community that is the subject of Raising the Words; a short documentary from Chloë Ellingson.

Callie Hill is the Executive Director of the Tsi Tyonnheht Onkwawenna Language and Cultural Centre, and she has a great deal of experience engaging with, and organizing the education of the Mohawk language. As a Mohawk herself, she also relates personally to the significance of losing the Mohawk language.

I spoke with her both about the language and how to save a language that needs our help.

[Callie in her office]

[Callie in her Tsi Tyonnheht Onkwawenna office]

Michael Iannozzi : What led you to get involved in revitalizing the Mohawk language?

Callie Hill : I think that having children was one of the defining moments in my life that made me realize how important the Mohawk language and culture is. And now I have a grandson so it is even more important to me. I am not a speaker, but I do have a base of language knowledge which I have gained from years of taking language programs. I hope to be able to continue learning the language so that I can pass this along to my grandchildren. My parents did not speak, but I did hear my paternal grandfather speak the language, which I don’t recall knowing was indeed Mohawk. He died when I was nine and he was the only person in my family that I ever heard speaking the language.

In 2004, I began to work for Tsi Tyonnheht Onkwawenna (TTO) as the Coordinator. At the time that I joined I was the only full-time employee. My role for the past ten years has been to create, develop and oversee Mohawk language programs in the community, which I have been doing as a non-speaker. By this I mean that I have been the Administrator of the programs, and never a teacher of the language. We now have a staff complement of six teachers, one teacher assistant, a part-time curriculum specialist, an Administrative Assistant and myself, the Executive Director.

MI :What does a typical day consist of in your work?

CH : As the Executive Director of the TTO Language and Cultural Centre, my typical day is administrative work. I write proposals, prepare reporting, oversee the staff and work on new programming. Because my office is at the primary immersion school I also act in the position of “Principal”, so some of my time is helping the teachers in this capacity. So really I don’t have a typical day because you just never know what can happen. We all very much work as a team in every aspect of our organization. Everyone is willing to pitch in and help where they can: being a community, that is what we are all about. For instance, the primary school had a Valentine cookie fundraiser in February and collectively in one day we raised $800, by baking and selling a total of 800 cookies at $1 each – that was a great success!

MI : Where do your revitalization efforts take place?

CH : Kenhteke (Tyendinaga Mohawk Territory) is a Kanyenkehaka (Mohawk people) territory located in eastern Ontario between Belleville and Kingston. Our land is based along the shores of the Bay of Quinte, which is off of Lake Ontario. Historically, we relocated here in 1784 after being displaced from our homelands in Upper New York State in the Mohawk Valley. Our on-reserve population is around 2,200 people.

MI : How are you approaching the revival of the Mohawk language?

CH : Because we recognize the importance of inter-generational transmission of the language for it to thrive, we operate programs geared towards different age categories. We have three levels of educational programs: Totahne (At Gramma’s place) Language Nest, which opened in 2007, is a total immersion program for pre-schoolers; Kawenna’on:we (The First Words) Primary Immersion School, which opened in 2011, is for children from Senior Kindergarten to Gr 4; and the Shatiwennakaratats (They are standing the words back up) Adult Language Program, which started in 2004, is a full-time program for adults. The children’s programs are total immersion, and the adult program, while intense in nature, uses various methods to teach the language which includes not only speaking but reading and writing.

MI : Do you think your approach would work for others (or all) Mohawk communities?

CH : Almost all other Mohawk communities are using formal educational programs such as ours. However our biggest challenge is that we do not have any mother tongue speakers in our community and all of our programs are taught by teachers who have learned the language as an adult. We have one fluent grandmother that works at Totahne as we recognized the importance of having a fluent speaker in that program with the very young children, and we were fortunate at the time to find someone willing to relocate to Kenhteke. Totahne is very much just like spending a day with “gramma” or in our case “Tota”. We also bring in fluent speakers throughout the year in the adult program as it is important for our students to hear language in its most natural form. We network with the other Mohawk communities as we are all in the same situation of trying to ensure our language thrives in our communities.

MI : How did you decide to begin this language training and what resources did you draw upon?

CH : In 2002 TTO formulated a long-term strategic plan which laid the groundwork for the revitalization efforts in the community; the plan was to teach the adults to speak—teach them to be teachers of the language, so that we could begin an immersion school for children. We have since met these goals through various ways and means. So now we continue to build upon this framework. The organization continues to hold strategic planning sessions each year.

MI : Why do you think the language has reached the point where it needs a revival?

CH : People quit speaking the language in our community for various reasons but in my opinion they all point back to colonization. In particular I am speaking of the influence of the Church through the missionaries and the Indian Act. I believe these to be the over-arching reasons which led to parents choosing not to speak Mohawk to their children, and once the intergenerational transmission in the homes was interrupted, it lead to the demise of the language in our community. By my estimation we have not had a generation of mother-tongue speakers who used the Mohawk language in daily life since the late 1800’s.

MI : How does the community feel about your efforts, and how did they feel when you started?

CH : When TTO organized in the late 1990’s there were mixed emotions about revitalization efforts. There was a group of supporters who were very committed to the efforts, and there were also some older people who thought it better left alone, basically to die. I believe the community is supportive of our efforts today. We see support in many ways throughout the community: road signs in the language, people naming their children with only a Mohawk name, people in all our service organizations answering the phones with “She:kon!” (translated in that context as “hello!”), gravestones with Mohawk names engraved on them, the financial support of our local politicians. So I see this as support in many different capacities.

MI : What has been the biggest challenge in revitalizing the Mohawk language?

CH : Funding of programs is an ongoing challenge and we are grateful to our local government, the Tyendinaga Mohawk Council, who have been very supportive financially. Also in this modern world we live in, I don’t believe people realize how colonized they are – some don’t see any point in learning the language in this materialistic, economy driven world we live in.

MI : What do you think is the chance of success for the Mohawk language revitalization project?

CH : I have to say that I have total confidence in our efforts to revitalize our language. There is no other acceptable answer in my opinion. I think it is necessary for us to continue to educate the people in our community, and I see through providing education and awareness the efforts will continue to grow.

MI : What do you feel is a key factor for the revitalization’s success?

CH : I think a key factor is the commitment shown by everyone in the process. From those of us doing the administrative work to the people who are enrolled in our programs and the parents who put their trust in us to educate their children, we all have a vitally important role to play in our efforts.

MI : What is your favourite part of your work?

CH : This work is my life’s passion. I could not see me doing anything other than what I do. I get so much satisfaction when I hear anyone speaking the language, from the children to the adults. I am grateful for the opportunity to be working so closely to something that is so important not only to me, but to many people in my family and my community.

MI : How have the youth, adults, and elders reacted to your efforts?

CH : There is a group of people who I credit for the original push for language and cultural opportunities in the community back 10-15 years ago. These people are now in their 30’s and they are the ones who are raising their children with language and culture. For the past few years there seems to be another group of young people who are very interested in learning the language and culture. This is very exciting for us. I think it is critically important that young people gain this knowledge prior to having children in hopes that they will raise their children in our language and our ways. Our language is not safe until we have a complete generation of speakers, and ideally this will be children who continue the process by teaching and speaking to their children.

MI : What has been the most important thing you’ve learned through this project?

CH : I have learned that nothing good is easy! I think my mother used to say that! We have had our struggles along the way, but the satisfaction of hearing the language being spoken by children or hearing it at the store is so satisfying. We have come from a community of virtually no speakers to one where language can be heard in many contexts. We are now able to conduct our ceremonies at our longhouse totally in the Mohawk language. It can sometimes feel as if we are making no progress so in those times it is important to reflect on where we were ten years ago compared to where we are today. It is nothing short of amazing, and it is the combined efforts of every person in the community who has made the revitalization of language a priority in his/her life.

MI : What would you like to do next, or where you like to see the revitalization projects head next?

CH : I am currently working on my Masters in Indigenous Language Revitalization through the University of Victoria. My project has been a community wide survey on the health, status and vitality of the language, and I am hopeful that I will be able to use some of what I have learned through that process to create more opportunities for people in our community in terms of revitalizing and regenerating our language and culture.

[A classroom of children learning the Mohawk language in Tyendinaga]

[A classroom of children learning the Mohawk language in Tyendinaga]

Callie hits on many points that are an essential part of the revitalization of any language. Perhaps most importantly that it isn’t easy! This project was started by a dedicated and small group who refused to allow their ancestral language to disappear. For them, it was worth their time and effort to save, and they worked very hard to reach that goal. As Callie says, if there is a committed group of people willing to work toward preserving and revitalizing the language then the language will be saved. Callie has no doubts that Mohawk will be saved, and with people like her working toward saving languages, I have no doubts either.

She also mentions that in the “materialistic, economy-driven” society that we far too often embrace there are those who might not value this kind of work. Some people see Mohawk, and any other language, as a means to an end—of gaining employment or economic gains. But to me this feels wrong. People don’t only learn (and shouldn’t only learn) a language because it is economically valuable. Language learners should be able to see the social and personal value of their language. The Mohawk language has significant cultural value for the people whose ancestors spoke it. This is a tremendous benefit that can’t easily be measured.

Thank you to Callie for her time for this interview. Her work is invaluable to the fabric of the story of us as Ontarians, Canadians, and ultimately as human beings.

 

Take care eh,

 

Michael Iannozzi