Cette semaine je me suis entretenu avec la Docteure Ailis Cournane de l’Université de Toronto. Nous avons discuté de l’acquisition d’une langue primaire (ALP), en particulier de la manière dont les bébés et les enfants en bas âge acquièrent leur(s) langue(s) maternelle(s), et de leur façon de s’y prendre. Vous êtes-vous déjà demandé si votre enfant comprend votre « langage de bébé » ? Si vous pouviez élever un enfant parfaitement trilingue ? Ou s’il importe que votre enfant n’arrive pas à se souvenir qu’on ne dit pas « chevals » ou « journals » (‘gooses’ et ‘mices’ dans le texte original) ? Comprendre grâce à l’ALP comment nos enfants font pour acquérir une langue est la première étape vers l’obtention d’une réponse à certaines de ces questions. Même si vous n’avez pas d’enfant, vous en étiez un autrefois ; alors voyons ce que l’enfant qui se trouve en chacun d’entre nous pense de la façon que nous avons tous d’apprendre notre première langue. Tout comme pour de nombreux autres aspects de l’éducation des enfants, quand on a son propre enfant, on a tendance à avoir le sentiment d’être des experts en développement de l’enfant. Mais en ce qui concerne l’acquisition d’une langue première, on peut se tourner vers des spécialistes comme la Professeure Cournane pour nous aider à comprendre cette science qui se cache derrière ce processus et comprendre quels genres de vérités universelles il existe vraiment. Même si vous n’avez pas d’enfants, vous en étiez un autrefois. Allons voir tout de suite ce que l’enfant en chacun de nous pense de notre façon d’apprendre notre langue maternelle.

[Moi quand j’avais eu 2 ou 3 ans. Le spaghetti m’a rendu heureux…certaines choses ne changent jamais]
Ailis Cournane : À l’origine je travaillais sur les changements linguistiques et je voyais là constamment des références au rôle que joue l’enfant-apprenant dans ce processus de changement linguistique [Le changement linguistique est la manière dont les langues évoluent au cours du temps, ce qui signifie en général, sur plusieurs générations]. On pense que les enfants ré-analysent la langue lorsqu’ils l’apprennent et qu’ils construisent leur propre grammaire mentale [interne et subconsciente]. Cependant, en dépit du fait qu’on observe cette théorie partout et du fait qu’elle soit largement acceptée, personne ne l’avait suffisamment explorée en rapport avec les changements linguistiques. Je me suis donc intéressée à la langue des enfants parce que je m’intéresse d’abord au changement. Le développement et le changement ont beaucoup en commun.
MI : Comment définit-on l’acquisition d’une langue primaire ?
AC : L’acquisition d’une langue primaire (ALP) décrit le processus et les propriétés de la langue des bébés, des tout-petits et des enfants en bas-âge au fur et à mesure qu’ils acquièrent leur(s) langue(s) maternelle(s). L’enfant commence sans aucun langage (mais avec une capacité pour le langage !) et, grâce à une contribution sociale de la part de locuteurs qui l’entourent, il construit graduellement sa ou ses langue(s). Je dis ‘langue(s)’ parce que beaucoup d’enfants sont exposés à plusieurs langues si bien qu’ils les acquièrent simultanément.
MI : Comment l’apprentissage d’une langue primaire est-il différent de l’apprentissage d’une langue seconde ?
AC : Il y a quelques différences importantes. Tout d’abord, avec l’ALP, il n’y a pas d’autre langue déjà en place. Si vous êtes un enfant apprenant l’anglais, vous construisez votre première langue en utilisant seulement votre capacité linguistique et votre exposition à des locuteurs plus âgés. En ce qui concerne l’acquisition langue seconde [ALS], vous avez déjà une langue en place ! Quand vous apprenez l’anglais en tant qu’adolescent, par exemple, vous l’apprenez donc en relation avec votre langue maternelle (disons le mandarin). L’anglais que vous apprenez en tant que L2 entre en compétition de plusieurs manières avec le mandarin que vous avez appris en premier [Une L2 est la deuxième langue d’une personne, celle qu’on a apprise en deuxième.] Deuxièmement, il apparait que l’ALS requière plus de motivation et un enseignement plus explicite que l’ALP : cours, exercices, se forcer à parler avec des locuteurs natifs, etc. L’ALS semble aussi montrer des étapes importantes moins bien définies que l’ALP.
MI : Qui sont ces sources principales de contribution pour l’acquisition de la première langue, L1, d’un enfant ?
AC : Les sources principales de contribution pendant la petite enfance sont les personnes principales qui s’occupent des enfants [parents, enseignants, personnel de crèche, de jardin d’enfants, nounous…]. Très tôt, lorsque la plupart des enfants dépendent largement de leur mère, la contribution maternelle est généralement la plus forte. Les frères et sœurs plus âgés jouent aussi un rôle tôt dans le développement. Une fois que l’enfant va à une crèche ou une école maternelle, les enfants du même âge commencent à jouer un rôle plus important.
MI : De qui un enfant prend-il son accent?
AC : Eh bien, un enfant, en particulier un enfant plus âgé ou un enfant unique, modèle d’abord sa langue sur celle de ces principales personnes qui s’occupent de lui ; c’est d’eux qu’ils reçoivent la plupart de la contribution linguistique. Cependant, les enfants s’adaptent très vite à leurs congénères dès qu’ils entrent à la crèche ou à l’école maternelle. C’est pourquoi les gens dont les parents sont des immigrés ne partagent pas l’accent de leurs parents mais plutôt celui de leurs pairs. Par exemple, mes parents viennent d’Irlande mais mes frères et moi avons grandi à Montréal. Nous avons un accent anglais canadien avec les traits attendus des anglophones de Montréal. Nous avons occasionnellement une certaine influence irlandaise mais notre façon de parler est bien, bien plus proche de celle de nos pairs que de celle de nos parents.
MI : Est-ce que les composantes de la langue des enfants (accent, grammaire, prononciation, etc.) sont apprises séparément, à partir de différentes sources ou sont-elles apprises simultanément ?
AC : Simultanément. Cependant l’intérêt ou le point principal de concentration des changements développementaux peuvent se produire dans différents domaines à différents moments. Par exemple, puisque les mots sont faits de différents sons, l’enfant a besoin de commencer à décrypter le système sonore d’une langue avant de pouvoir vraiment saisir des mots (sans parler des mots complexes ou des phrases). Ceci dit, les sons sont contenus dans des mots si bien que l’enfant apprend aussi nécessairement les mots lorsqu’il se concentre sur le développement des sons. Il y a là en jeu des interactions très complexes.
MI : Alors que les enfants apprennent leur première langue, ils font tous des erreurs: qu’est-ce que ces erreurs nous disent sur la manière d’apprendre à parler ?
AC : J’aime bien appeler les erreurs ou les fautes des analyses « divergentes » ou « créatives » parce que ces analyses sont productives et systématiques et elles émergent d’aspects qui indiquent comment l’enfant apprend [cela signifie que les erreurs qu’un enfant produit comme de dire « chevals » pour « chevaux » et « journals » pour « journaux » sont logiques même si elles ne sont pas correctes. En d’autres termes, les erreurs sont calquées sur un modèle et peuvent s’expliquer.]
Elles n’ont l’air d’erreurs que quand on les compare aux normes de grammaire adultes mais, elles ne sont en réalité pas vraiment des erreurs ; elles montrent, par exemple, le dévoilement par l’enfant des règles linguistiques et l’application de ces règles (parfois des exceptions). Par exemple, les enfants sur-appliquent souvent le passé des verbes réguliers aux verbes irréguliers : ‘prendu’ pour ‘pris’ ou ‘couri’ pour ‘couru’ (les exemples originaux en anglais sont ‘goed’ pour ‘went’ et ‘eated’ pour ‘ate’). Cela montre que l’enfant comprend comment former de manière productive le temps passé. C’est une grande prouesse et ça montre la prise de conscience de modèles et la capacité à généraliser une règle.
MI : Les erreurs qu’un enfant produit en parlant sont-elles malgré tout un genre d’erreur? Est-ce qu’on peut dire qu’une prononciation incorrecte est le même genre d’erreur que de dire ‘prendu’ ou ‘couri’ ?
AC : Pas nécessairement. Une prononciation incorrecte, par exemple, peut avoir une cause physiologique (contrôle musculaire, état de l’appareil vocal en développement, coordination, etc.), cognitive (compréhension du système des sons de la langue, organisation), ou même les deux.
L’omission de mots grammaticaux (par exemple dire ‘envie partir’ (‘wan go’ dans le texte original) laissant de côté le pronom et le verbe ‘j’ai’ et le marqueur infinitif ‘de’ (‘I’ et ‘to’ en anglais), et ce que ces erreurs signifient, sont des sujets de débat bien connus. La question est de savoir si l’enfant les omet parce qu’ils ne sont pas saillants dans le signal sonore de la langue [l’enfant n’entend-il pas les autres composantes ?] ou, parce qu’ils sont grammaticalement plus complexes et abstraits ? Ou est-ce même une combinaison des deux ? [La signification de « envie manger » (‘want eat’ dans le texte original) prononcé par un enfant à l’heure du diner est plutôt claire même si c’est grammaticalement incorrect.]
MI : Existe-t-il un ‘ordre’ dans la manière d’apprendre une langue ? Les enfants apprennent-ils certaines choses en premier et d’autres en dernier ?
AC : Oui ! Cet ordre est en parti déterminé par la logique : les phrases sont faites de mots et les mots sont faits de sons si bien qu’on ne peut pas sauter tout de suite vers l’apprentissage de phrases si on n’a pas d’abord compris deux ou trois choses du système sonore de la langue. En simplifiant quelque peu, la première tâche de l’enfant consiste ainsi à percer le système sonore des paroles qu’il entend autour de lui (ou le système gestuel de la langue des signes). Une partie de l’apprentissage des modèles sonores dans une langue consiste à apprendre où se trouvent les limites des mots dans le flux de paroles. Nos paroles sont des flux acoustiques continus, sans frontières, mais notre grammaire mentale sait où placer ces frontières [c’est pourquoi quand on entend une langue qui ne nous est pas familière, on pense souvent que les locuteurs parlent vite. Ce sentiment est dû au fait qu’on n’entend pas où les mots se terminent.]
Nous avons appris à faire cela quand on était enfants en résolvant ce qu’on appelle « le problème de segmentation ». Ce problème réfère à la façon dont un enfant apprend où un mot se termine dans le flux continu et où le mot suivant commence. La recherche actuelle affirme pour la plupart que les enfants comptent très fortement voire seulement sur le contrôle des possibilités transitionnelles entre les sons. Les combinaisons de sons qu’on retrouve fréquemment dans le flux de paroles sont considérées comme étant des mots. C’est seulement en ayant une compréhension de la phonologie de la langue, c’est-à-dire une compréhension de quels sons se combinent ensemble et comment, que les enfants peuvent progresser pour associer des sens à des mots et pour apprendre comment les mots peuvent se combiner en des mots plus complexes, et en phrases.
MI : Cet ordre est-il le même pour toutes les langues? Quelles sont les différences pour les enfants qui apprennent des langues maternelles différentes ?
AC : Oui, autant que nous sachions, l’ordre est remarquablement similaire à travers des langues diverses. L’enfant, contrairement à quelqu’un qui essaierait d’apprendre une seconde langue, n’a aucun savoir préalable d’aucune langue. Le développement est ainsi lourdement déterminé par des problèmes d’apprentissage qui peuvent le restreindre. L’enfant doit deviner le système sonore, les formes et les modèles des mots, leur signification, les règles grammaticales (syntaxiques), etc. La tâche est dans l’ensemble la même en dépit de la variation de la langue acquise. La langue des signes américaine, bien qu’elle s’exprime dans un mode différent (mode gestuel, visuel, plutôt que oral, auditif) est connue pour être très similaire en termes de développement aux langues parlées lorsque nous considérons les étapes importantes : les babillages, les premiers mots, les premières combinaisons de mots (les premières phrases), la surgénéralisation des règles, etc. Ceci dit, la plupart des langues n’ont pas été suffisamment étudiées dans leur développement et l’emphase a été principalement mise sur les langues européennes occidentales et sur d’autres langues proéminentes, largement répandues, comme le japonais ou le mandarin.
MI : Comment les adultes, les parents ou les personnes qui s’occupent des enfants changent leur façon de parler quand ils s’adressent aux enfants ?
AC : Les personnes qui s’occupent des enfants utilisent souvent ce qu’on appelle « la communication dirigée vers les enfants ». On l’appelle aussi « langage enfant » [langue spéciale d’interaction avec les enfants] ou « mamanais » [« motherese » en anglais]. Cette forme de langue a des caractéristiques phonétiques distinctes : le ton est plus aigu que d’habitude, les modèles des accents toniques sont exagérés, et les voyelles sont plus longues. Ces traits phonétiques sont perçus comme ayant un « affect heureux ». Les enfants et les tout-petits répondent de préférence aux affects heureux.
Il y a aussi des preuves indiquant que les adultes utilisent un vocabulaire simplifié pour représenter des catégories basiques de mots, par exemple : une mère peut appeler un tigre « un gros chat » lorsqu’elle parle à son enfant. De plus, il existe aussi des preuves selon lesquelles les adultes simplifient leurs phrases qui contiennent des mots que l’enfant est prêt à apprendre [pour les mettre en évidence]. Par exemple, un père peut très bien dire « Tu veux de l’eau ? » à son bébé de 12 mois plutôt que « Est-ce que tu veux un verre d’eau ?». On pense que les adultes complexifient inconsciemment les discours adressés aux enfants au fur et à mesure que celui-ci grandit linguistiquement.
MI : Est-ce que ce changement est utile pour les enfants?
AC : Ça semble être utile mais pas nécessaire. Il existe des différences interculturelles dans la manière qu’ont les adultes et en particulier les personnes qui s’occupent d’enfants, d’interagir avec les enfants. Nous savons que les enfants et les enfants en bas âge réagissent au langage enfantin ; ça peut peut-être les aider que d’exagérer les limites entre les mots et les autres caractéristiques qui caractérisent le flux discursif ; ça peut ainsi les aider à apprendre des mots, mais aider ne signifie pas être nécessaire. La plupart de notre recherche a été menée sur des enfants apprenant une langue dans des sociétés occidentales à l’époque récente si bien qu’il est juste de dire que jusqu’à présent, nous en savons plus sur cette situation d’apprentissage que sur toutes les autres situations d’apprentissage encore existantes.
MI : Est-ce que les enfants apprennent leur langue maternelle différemment?
AC : Oui. Il y a des variations parmi les enfants mais on doit voir cela comme secondaire par rapport à des tendances et des similarités très fortes. Ainsi, il y a plus de similarités dans la façon d’apprendre une première langue qu’il n’y a de différences. En gardant cela en tête, on peut parler de ce qui varie.
Tout d’abord, les enfants peuvent souffrir d’un désordre qui affecte leur développement langagier (par exemple le syndrome de Down, l’autisme, le syndrome de Williams) ou bien ils peuvent avoir une déficience auditive qui les empêche d’accéder correctement à la langue parlée (mais étrangement pas à la langue des signes s’ils y sont exposés). Alors, même parmi les enfants qu’on peut considérer comme ayant un développement normal, au regard du langage, la chronologie du développement varie. Certains enfants atteignent les étapes majeures bien plus tôt que d’autres, mais tout ça dans des tranches d’âge normales. Par exemple certains enfants vont prononcer leurs premiers mots avant l’âge de 10 mois tandis que d’autres ne pourront pas les prononcer avant leurs 2 ans. C’est comparable à l’éventail d’âge où les enfants commencent à marcher, allant de l’âge de 9 mois pour certains à l’âge de 18 mois pour d’autres. Le retard linguistique n’est diagnostiqué que chez les enfants de plus de 4 ans parce qu’avant cet âge, les enfants peuvent varier énormément dans leur développement sans que cela ne soit alarmant.
La personnalité de l’enfant affecte aussi son développement. Certains enfants sont calmes et prudents alors que d’autres seront plutôt loquaces. La nature de l’interaction linguistique avec les personnes qui s’occupent d’eux importe aussi. Certaines études ont montré que le statut socioéconomique est un facteur significatif pour le développement lexical et syntaxique. Des chercheurs ont suivi des familles américaines et ont analysé leurs paroles. Les personnes de statut socioéconomique plus bas ont moins de chance de poser à leurs enfants en bas âge des questions ouvertes du type : « Qu’est-ce que tu dessines ? » mais plus de chances de s’adresser à eux avec des questions totales [dont la réponse est ‘oui’ ou ‘non’] comme « Est-ce que tu dessines ? ». De plus, elles ont aussi plus de chances d’utiliser des mots d’interdiction, comme « ne fais pas ci ! » en comparaison à des adultes de statut plus élevé. Les enfants de statut élevé ont en moyenne un vocabulaire plus large et atteignent les jalons du développement syntaxique un peu plus tôt.
MI : Comment un enfant affecte-t-il la langue de ses parents?
AC : Ma recherche répond directement à cette question mais c’est un domaine qui a déjà reçu par le passé beaucoup d’attention théorique mais peu de recherche a été faite à partir de données réelles. En d’autres termes, beaucoup de chercheurs pensent que les enfants jouent un rôle dans le changement linguistique mais quant à savoir si c’est vrai ou pas, la réponse n’est pas encore claire du point de vue concret de la recherche. Nous savons que les adolescents sont des « adoptants précoces » ; ils sont plus à même d’adopter et de répandre les changements linguistiques. Pensez, par exemple, à l’utilisation de la formule de citation en anglais « be like » (faire genre) : « He was like, ‘thank you’ » (il m’a fait genre ‘merci’). Cependant est-ce que ces nouvelles variantes dans la langue émergent à partir d’innovations effectuées dans la langue enfantine ?
J’examine cette question pour les expressions modales (les mots qui expriment la possibilité en anglais : must, can, might, maybe, probably, etc.) Il apparait effectivement que les enfants font des analyses compatibles avec l’évolution de la langue au cours du temps. Cependant, ‘compatible’ ne signifie pas nécessairement ‘causal’, alors restez à l’écoute !
MI : Est-ce que votre recherche affecte votre façon de parler aux enfants maintenant?
AC : Je ne pense pas, à part peut-être que, plus je travaille avec des enfants, plus je suis à l’aise avec tout plein d’enfants différents ! Ceci dit, travailler sur le langage des enfants affecte sans aucun doute ma façon de les ’écouter’ ! J’adore leur parler pas seulement à cause du contenu de ce qu’ils disent, mais à cause de la forme linguistique de ce qu’ils disent.
MI : Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail d’étude ?
AC : La créativité linguistique ! Les enfants utilisent leur langue qui est en plein développement pour vivre leur jeune vie et ils produisent beaucoup de phrases créatives lorsqu’ils essaient de s’exprimer. Le problème en soi est fascinant et complexe : comment un enfant sans langue part-il de cette étape pré-linguistique pour devenir un adulte pleinement linguistique ? La langue est complexe et systématique, et il est tellement facile de la prendre pour acquise. Mais quand on doit réfléchir explicitement à ce qu’un petit apprenant fait, on est régulièrement frappé : c’est merveilleux de voir que les humains peuvent même apprendre une langue.

[Ma maman et sa jumelle étaient en train de discuter l’économie.]
Le fait que la version bébé de ma personne a été capable d’apprendre le mot « tracteur » parmi ses premiers mots, est plutôt remarquable. Petit Michael a été capable de trouver où commence et où se finit le mot (avec un « t » et un « r »), d’identifier les sons au milieu, et d’associer cette suite de sons à cette machine énorme que mon grand-père conduisait avec moi dans son champ, et puis de produire ces sons sans qu’on me le demande, lorsque je l’ai vu la semaine suivante. Pas si mal quand on considère que, après 10 ans, je bataille toujours pour utiliser correctement la négation en français.
A tantôt,
Michael Iannozzi
Merci bien Floriane pour ton aide avec la traduction.